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Économie

Crise du riz au Japon : les cultivateurs tirent la sonnette d’alarme

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La flambée des prix du riz révèle les fragilités d’un secteur agricole en déclin, confronté au vieillissement des exploitants et à des politiques controversées.

Dans les rizières du Japon, le calme apparent contraste avec l’inquiétude grandissante des producteurs. Les étals des supermarchés affichent désormais des prix en hausse de 100 % sur un an, poussant les autorités à puiser dans les réserves nationales pour tenter de calmer le marché. Une mesure exceptionnelle qui souligne l’ampleur de la crise.

Plusieurs facteurs expliquent cette envolée des coûts. La récolte de 2023, affectée par des conditions climatiques défavorables, a été particulièrement faible. Dans le même temps, la demande s’est accentuée avec la hausse générale des prix alimentaires et des achats compulsifs liés aux craintes d’un séisme majeur. Les professionnels pointent également des pratiques spéculatives, certains négociants stockant massivement pour profiter de la tendance.

Pourtant, pour des agriculteurs comme Satoshi Yamazaki, cette inflation ne se traduit pas par des bénéfices supplémentaires. La majorité de sa production est vendue à l’avance via des circuits courts, contournant ainsi les intermédiaires traditionnels qui grèvent les marges. Son cas reste cependant marginal : 80 % des riziculteurs japonais sont de petits exploitants à temps partiel, dépendants des filières classiques.

Le secteur souffre d’un déclin structurel. En soixante ans, les surfaces cultivées ont chuté de plus de moitié, minées par le vieillissement de la population rurale et les difficultés à transmettre les exploitations. Une politique publique datant des années 1970, visant à limiter la production pour stabiliser les prix, a également réduit la capacité de réaction en période de pénurie.

Face à cette situation, des voix s’élèvent pour réclamer une refonte du système. Certains, comme Toru Wakui, président d’une grande exploitation, plaident pour une augmentation de la production et une ouverture aux marchés étrangers. D’autres y voient l’occasion de moderniser le secteur en favorisant l’émergence d’exploitations plus vastes et professionnelles.

Sur le plan politique, le sujet est devenu explosif à l’approche des élections. La gestion des stocks stratégiques, critiquée pour leur qualité supposée médiocre, a alimenté la polémique. Le gouvernement tente de rassurer en annonçant une légère baisse des prix, mais les défis restent immenses : coût des équipements, pénurie de main-d’œuvre et dépendance aux importations compliquent toute solution rapide.

Pour Satoshi Yamazaki, la question centrale demeure : comment préserver une filière vitale pour le pays sans alourdir encore la facture pour les consommateurs ? Un dilemme qui résume les enjeux d’une agriculture japonaise à la croisée des chemins.

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