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L’UE ouvre la voie à des « hubs de retours » pour migrants

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L'UE ouvre la voie à des "hubs de retours" pour migrants

L’Union européenne propose un cadre légal pour accélérer les expulsions de migrants en situation irrégulière. Une initiative qui divise les États membres et suscite l’inquiétude des ONG.

Après des mois de négociations, la Commission européenne a dévoilé mardi 11 mars un ensemble de mesures visant à renforcer la gestion des flux migratoires. Parmi les propositions phares figure la création de « hubs de retours », des centres situés hors des frontières de l’UE pour accueillir les migrants déboutés du droit d’asile.

Actuellement, moins de 20 % des décisions d’expulsion sont effectivement appliquées au sein de l’Union. Pour remédier à cette situation, Bruxelles propose un dispositif permettant aux États membres d’ouvrir des centres dans des pays tiers. Ces hubs auraient pour objectif d’accélérer les retours des personnes n’ayant pas obtenu l’asile, tout en respectant le droit international.

La Commission européenne ne prévoit pas de financer ou de gérer directement ces centres. Elle se contente d’établir un cadre légal, laissant aux États membres le soin de les mettre en œuvre. Parmi les autres mesures proposées figurent des sanctions renforcées pour les déboutés refusant de quitter le territoire, comme la confiscation de documents d’identité ou des interdictions d’entrée prolongées.

Cependant, cette initiative soulève de nombreuses interrogations. Camille Le Coz, du Migration Policy Institute Europe, souligne l’absence de précisions sur le financement, les partenariats avec les pays tiers ou les profils des migrants concernés. « Personne ne sait exactement comment cela sera mis en place », explique-t-elle.

Le projet divise les États membres. L’Espagne s’y oppose fermement, craignant des violations des droits humains. À l’inverse, des pays comme la Suède et les Pays-Bas plaident pour une mise en œuvre rapide. « Nous avons essayé d’autres systèmes durant des années, ils ne fonctionnent pas », justifie Johan Forssell, ministre suédois des Migrations. La France, quant à elle, reste prudente, évitant de s’engager pleinement dans ce débat sensible.

Les organisations de défense des droits des migrants s’alarment. L’International Rescue Committee craint une « recrudescence des violations des droits humains ». Mélissa Camara, eurodéputée écologiste, dénonce quant à elle des « zones de non-droit » où les conditions de détention pourraient être désastreuses.

Ces propositions interviennent alors que les passages clandestins aux frontières de l’UE ont atteint leur niveau le plus bas depuis 2021, selon Frontex. Pour entrer en vigueur, le texte devra être approuvé par le Parlement européen et les États membres, un processus qui s’annonce complexe tant les positions divergent.

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