Monde
Le paradoxe hydrique tadjik
Au cœur de l’Asie centrale, le Tadjikistan dispose d’abondantes réserves en eau qui contrastent avec les difficultés d’accès à une ressource salubre pour sa population.
Dans les cours des habitations de la région de Balkh, les canaux d’irrigation serpentent entre les maisons, servant à la fois de source d’approvisionnement et de réceptacle pour divers déchets. Nematoullo Bassirot, artisan de 58 ans, désigne les détritus qui flottent à la surface de l’eau où ses voisins rincent leurs raisins et où les enfants viennent se baigner. Ce réseau hydraulique, vital pour les communautés rurales, charrie aussi bien des résidus plastiques que des résidus agricoles, contraignant les habitants à mettre en place des stratégies de filtration artisanale.
Les statistiques officielles révèlent l’ampleur du défi sanitaire. Seulement 41% des dix millions de Tadjiks bénéficient d’un approvisionnement en eau potable garantie, tandis que les systèmes d’assainissement ne desservent que 15% de la population, des chiffres qui représentent les plus faibles de la région centre-asiatique. Cette situation persiste malgré la position géostratégique du pays, qui avec le Kirghizstan voisin, concentre près des deux tiers des ressources hydriques régionales grâce à ses milliers de glaciers.
Les conséquences sur la santé publique font l’objet de préoccupations croissantes. Une étude scientifique récente évalue à environ 1 620 le nombre annuel de décès attribuables à la consommation d’eau non traitée au cours des trois dernières décennies. Les chercheurs alertent sur la nécessité d’investissements urgents dans les infrastructures, d’autant que les projections indiquent une augmentation de cette mortalité.
Face à cette problématique, les autorités ont initié un programme d’action s’étendant jusqu’en 2040, qualifiant l’accès universel à l’eau potable de priorité nationale. Le président Emomali Rakhmon a par ailleurs érigé la question hydrique en pilier de sa diplomatie internationale. Mais sur le terrain, la réalité demeure complexe. Les installations datant de l’époque soviétique, endommagées par les conflits passés et les catastrophes naturelles, nécessitent des réhabilitations massives.
Dans le district de Balkh, l’ingénieur Abdourakhim Abdoulloev supervise une station d’épuration qui devrait théoriquement approvisionner 2 800 foyers, mais dont le matériel requiert une modernisation complète. La Banque eurasiatique de développement estime que les besoins financiers du secteur atteindront 1,2 milliard de dollars d’ici 2030, un défi considérable pour l’économie la moins développée de l’espace post-soviétique.
Entre les citernes d’eau livrées par camion dans les zones arides et les canaux pollués des villages agricoles, la population développe des solutions de fortune. Malika Ermatova, mère de famille de 30 ans, doit renouveler son stock hydrique toutes les trois semaines en raison de sa rapide dégradation. Ces réalités quotidiennes illustrent le chemin restant à parcourir entre les ambitions politiques et l’accès effectif à une ressource fondamentale.
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