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L’Atlantique cache une décharge nucléaire oubliée

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Plus de 3 000 fûts radioactifs ont été localisés par une mission scientifique internationale, révélant l’ampleur d’une pollution immergée depuis des décennies.

Une expédition océanographique vient de dresser un premier état des lieux précis d’une zone d’immersion de déchets nucléaires dans l’Atlantique Nord. Les chercheurs ont identifié plus de 3 000 conteneurs métalliques reposant par 4 700 mètres de fond, à quelque 1 000 kilomètres au large des côtes bretonnes. Si certains fûts apparaissent endommagés, les mesures effectuées n’ont pas révélé d’élévation significative de la radioactivité ambiante.

Entre 1946 et 1993, près de 200 000 barils contenant des résidus faiblement radioactifs – issus de laboratoires, d’installations industrielles ou de centres de recherche – ont été immergés dans cette zone par plusieurs pays européens. La pratique, interdite depuis 1993 par la convention de Londres, s’est déroulée sans traçabilité précise quant à la nature exacte des matières enfouies.

L’équipe scientifique a mobilisé des technologies de pointe pour cette campagne inédite. Le submersible autonome Ulyx, équipé d’un sonar haute résolution, a permis de cartographier 163 km² de fonds marins. Des prélèvements de sédiments, d’eau et d’organismes vivants ont été réalisés pour analyse approfondie en laboratoire. Les premiers résultats semblent indiquer une dispersion limitée des substances radioactives, mais des investigations complémentaires sont prévues dans les deux prochaines années.

Les scientifiques soulignent que le retrait des fûts n’est pas envisagé en l’état, en raison de difficultés techniques et de coûts prohibitifs. L’enjeu consiste plutôt à établir un suivi régulier de ce site, dont la dernière évaluation remontait aux années 1980. Cette mission ouvre la voie à une meilleure compréhension des impacts à long terme de ces dépôts sous-marins, tout en rappelant les pratiques d’un autre temps en matière de gestion des déchets nucléaires.

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