Face à l’escalade des tensions commerciales, l’institution monétaire européenne persiste dans son assouplissement pour soutenir une croissance fragilisée.
La Banque centrale européenne a une nouvelle fois assoupli sa politique monétaire ce jeudi, abaissant ses taux directeurs pour la sixième fois consécutive. Cette décision intervient dans un contexte marqué par la dégradation des échanges internationaux, notamment sous l’effet des mesures protectionnistes américaines. Les responsables de l’institution basée à Francfort ont souligné l’impact négatif de ces tensions sur l’activité économique, avec des risques pesant sur les exportations, l’investissement et la consommation des ménages.
Le taux de dépôt, indicateur clé, a été réduit de 25 points de base pour s’établir à 2,25%, un niveau considéré comme favorable au redémarrage de l’économie. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a insisté sur la nécessité de rester agile face à un environnement particulièrement instable, où les annonces commerciales fluctuent au gré des décisions unilatérales. Sans préjuger des prochaines étapes, l’institution affirme adapter sa stratégie au cas par cas, en fonction de l’évolution des indicateurs économiques.
Cette nouvelle orientation monétaire contraste avec les anticipations du mois de mars, où certains signaux laissaient entrevoir une pause dans le cycle de baisse. Les espoirs reposaient alors sur les plans de relance allemands, susceptibles de dynamiser la zone euro. Mais la récente offensive tarifaire américaine, avec des droits pouvant atteindre 145% sur certains produits chinois, a changé la donne. Malgré une trêve partielle de 90 jours pour certains partenaires commerciaux, l’incertitude persiste sur les marchés.
Contrairement aux États-Unis où les droits de douane pourraient alimenter l’inflation, la zone euro bénéficie d’une désinflation bien engagée, avec un taux à 2,2% en mars. La BCE estime toutefois prématuré de conclure sur l’effet final des mesures protectionnistes, qui pourraient selon les scénarios soit freiner la demande, soit au contraire renchérir les coûts en perturbant les chaînes d’approvisionnement.
En marge des mesures monétaires, Christine Lagarde a lancé un appel à une action européenne plus ambitieuse, plaidant pour l’accélération des réformes structurelles visant à renforcer la compétitivité et l’intégration financière du Vieux Continent. Un rappel que les outils des banques centrales, aussi efficaces soient-ils, ne peuvent à eux seuls compenser les déséquilibres géopolitiques et les fragilités économiques persistantes.