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Hong Kong enterre son dernier bastion démocratique : le Parti démocrate tire sa révérence

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Trois décennies de combat s’achèvent dans un climat de répression accrue, marquant un tournant historique pour l’ancienne colonie britannique.

La page se tourne pour le Parti démocrate de Hong Kong, pilier historique de la lutte pour les libertés dans la métropole asiatique. Fondé en 1994, ce mouvement, autrefois fer de lance de l’opposition, s’apprête à voter sa propre dissolution ce dimanche, mettant un terme symbolique à une ère politique révolue. Les pressions croissantes de Pékin, couplées à l’étau judiciaire qui s’est resserré après les manifestations de 2019, ont eu raison de sa survie.

Emily Lau, ex-présidente du parti, incarne cette résistance moribonde. À 73 ans, elle rend régulièrement visite à ses camarades emprisonnés, comme Albert Ho, inculpé pour atteinte à la sécurité nationale. « Nous ne les oublions pas », martèle-t-elle, tandis que l’organisation qu’elle a dirigée se prépare à disparaître. Lo Kin-hei, l’actuel dirigeant, justifie cette décision par « la difficulté persistante à faire progresser la démocratie » dans un contexte où toute critique du pouvoir central est criminalisée.

Le Parti démocrate a pourtant marqué l’histoire de Hong Kong. Porte-étendard du principe « Un pays, deux systèmes » après la rétrocession de 1997, il a dominé l’Assemblée législative avant d’être marginalisé par les réformes électorales de 2021, réservant les mandats aux « patriotes ». La loi sur la sécurité nationale, imposée en 2020, a achevé son déclin : exils, emprisonnements et procès politiques ont décimé ses rangs. Jimmy Lai, magnat de la presse emblématique, purge une peine pour « collusion avec l’étranger », tandis que d’anciens députés croupissent derrière les barreaux.

Pour Ramon Yuen, ex-trésorier du parti, l’autodissolution est une nécessité face à l’hostilité ambiante. Les démocrates, jadis influents, sont devenus des parias, boycottés par les commerces et traqués par les autorités. Emily Lau, elle, refuse ce renoncement. « Pourquoi disparaître ? », interroge-t-elle, appelant les Hongkongais à se souvenir de leur combat. Une question qui résonne comme un dernier défi, dans une ville où l’espoir démocratique s’éteint peu à peu.

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