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Culture

Deux artistes, deux pères : une exploration intime à Avignon

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Israel Galván et Mohamed El Khatib dévoilent une création hybride où danse et théâtre interrogent l’héritage paternel.

Au cœur du Festival d’Avignon, Israel Galván et Mohamed El Khatib présentent une œuvre singulière, née de leur rencontre et de leur histoire commune. Le chorégraphe espagnol, figure incontournable du flamenco contemporain, et l’auteur français, connu pour ses pièces documentaires, ont choisi d’explorer la figure paternelle à travers un spectacle mêlant danse, texte et archives.

Leur collaboration, initiée à Paris, s’est nourrie de parallèles frappants entre leurs parcours. Tous deux ont grandi sous l’autorité de pères exigeants, désireux de les voir embrasser une voie tracée d’avance. Israel Galván, dont les innovations chorégraphiques ont bousculé les traditions du flamenco, évoque une relation complexe avec José Galván, son père et premier maître. Mohamed El Khatib, dont l’œuvre gravite souvent autour de la figure maternelle, aborde pour la première fois celle, plus distante, de son propre père, jamais venu assister à ses créations.

Pour préparer ce spectacle, les deux artistes ont inversé les rôles. Le metteur en scène a suivi des cours de flamenco avec le père de Galván, tandis que le danseur a recueilli les confidences du père d’El Khatib. Des objets personnels – tapis de prière, chaussures de danse, ballons de football – ponctuent la scène, servant de traces tangibles de ces vies croisées.

Le résultat est une forme hybride, entre performance et confession, où le public devient témoin d’une introspection rare. Galván y fait entendre sa voix, chose inédite dans son travail, tandis qu’El Khatib s’expose avec une vulnérabilité nouvelle. Le spectacle, qui emprunte autant à Kafka qu’à la psychanalyse, interroge la transmission, l’émancipation et le poids des silences familiaux.

Pour Mohamed El Khatib, cette création marque peut-être un tournant. Après des années à explorer le théâtre documentaire, il envisage désormais des projets hors des salles conventionnelles, comme en témoigne son implication dans un centre artistique en Ehpad. Quant à Israel Galván, il poursuit sa quête d’un flamenco libéré des codes, tout en assumant pleinement son héritage.

Une œuvre sobre et puissante, où l’art devient le lieu d’une réconciliation intime.

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