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Société

Cuba : la colère étudiante monte face à l’explosion des prix de l’internet mobile

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Les jeunes Cubains dénoncent une réforme tarifaire qui rend l’accès au numérique presque inaccessible, déclenchant un mouvement de protestation inédit.

À La Havane, le mécontentement gronde sur les campus universitaires. Une révision brutale des tarifs de téléphonie mobile, imposée sans concertation par l’opérateur public Etecsa, a mis le feu aux poudres. Le nouveau système, en vigueur depuis début juin, limite drastiquement les forfaits de base tout en multipliant par dix le coût des options supplémentaires, rendant l’accès à internet quasi prohibitif pour la majorité de la population.

Devant les bâtiments centenaires de l’Université de La Havane, des groupes d’étudiants s’indignent. « Comment poursuivre nos études sans connexion décente ? », interroge un jeune en sciences sociales, sous couvert d’anonymat. Avec un forfait plafonné à 6 Go – insuffisant pour les recherches académiques – et des suppléments équivalant à la moitié d’un salaire moyen cubain (47 dollars), la réforme frappe de plein fouet une jeunesse déjà confrontée à des difficultés économiques chroniques.

Les organisations étudiantes officielles, pourtant traditionnellement alignées sur le gouvernement, ont rompu le silence. La Fédération étudiante universitaire (FEU) a obtenu après négociations un droit à deux recharges mensuelles au lieu d’une pour les inscrits. Une concession jugée dérisoire par une frange plus radicale, dont des facultés prestigieuses comme les mathématiques ou la philosophie ont appelé à boycotter les cours.

Le pouvoir tente de désamorcer la crise. Le président Miguel Diaz-Canel a promis « des ajustements pour les plus vulnérables », tandis que l’opérateur Etecsa multiplie les apparitions médiatiques pour justifier sa politique par la nécessité d’investissements. Pourtant, la grogne persiste, certains enseignants rapportant des amphithéâtres clairsemés malgré les mises en garde de l’administration contre toute perturbation académique.

Cette fronde inédite révèle une fracture générationnelle dans un pays où 75% de la population utilise internet via mobile. Alors que les autorités invoquent la préservation du « processus révolutionnaire », les étudiants opposent une exigence pragmatique : un accès abordable au savoir numérique, devenu aussi vital que l’électricité dans le Cuba contemporain.

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