Au cœur du désert pakistanais, Hindous et Musulmans célèbrent Holi et Ramadan dans une rare harmonie.
Au milieu des vastes étendues désertiques du Sindh, Mithi se distingue par son exceptionnelle tolérance. Alors que le Pakistan est à 96 % musulman, cette localité abrite une importante communauté hindoue. Ici, les festivités de Holi, la fête des couleurs hindoue, coïncident avec le mois sacré du Ramadan. Les rues s’animent alors d’un mélange unique : des Musulmans participent aux célébrations colorées, tandis que des Hindous préparent des repas pour rompre le jeûne de leurs voisins musulmans.
Raj Koumar, un entrepreneur hindou, explique que cette tradition de vivre ensemble est profondément enracinée. « Le muezzin conclut l’appel à la prière en souhaitant la paix aux Hindous et aux Musulmans », raconte-t-il. Cette harmonie se manifeste aussi dans les rues, où les vaches, sacrées pour les Hindous, circulent librement, et où aucune boucherie ne vend de viande bovine, par respect pour leurs croyances.
Mohan Lal Mali, un habitant hindou, prépare chaque soir des repas pour les jeûneurs musulmans. « Cela fait partie de notre héritage, transmis de génération en génération », affirme-t-il. Pourtant, cette coexistence pacifique contraste avec le reste du pays, où les minorités religieuses sont souvent victimes de discriminations et de violences.
Malgré cette exception, Mithi n’échappe pas totalement aux influences extérieures. Des partis islamistes radicaux, comme le Tehreek-e-Labbaik (TLP), tentent de semer la division. Leur propagande, parfois violente, rappelle que la menace de l’extrémisme religieux plane toujours.
Pour Abdul Halim Jagirani, membre de l’administration locale, Mithi devrait servir de modèle au reste du Pakistan. « Le pays a beaucoup à apprendre de notre ville », estime-t-il. Pourtant, même ici, certains craignent que cette harmonie ne soit menacée. Padma Lodha, directrice d’une école de filles, confie que des tensions commencent à se faire sentir, bien que la situation reste globalement pacifique.
Dans un pays où les divisions religieuses sont souvent exacerbées, Mithi offre une lueur d’espoir. Mais cette coexistence fragile rappelle aussi que la paix nécessite un effort constant, face aux forces qui cherchent à la détruire.