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Anorexie et boulimie : le combat silencieux des femmes en quête de réconciliation avec leur corps

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Derrière les sourires de façade se cache une lutte quotidienne contre les troubles alimentaires, un fléau amplifié par les réseaux sociaux et les diktats de la minceur.

Lucie évoque son parcours avec pudeur. L’anorexie l’a privée de sa vitalité, la réduisant à l’état d’une ombre. À 31 ans, cette femme au chemisier sans manches se souvient des années où la maladie a dicté chaque bouchée, chaque pensée. Aujourd’hui suivie au centre Barbara du CHU de Nantes, elle tente de reconstruire son rapport à la nourriture et à elle-même.

Comme elle, Cléo, 18 ans, a vu son existence envahie par ces troubles. La jeune femme décrit une emprise totale : la maladie façonne ses gestes, ses choix, jusqu’à devenir son identité. Pendant des années, elle a nié la gravité de son état, convaincue de maîtriser la situation. Le déclic est venu tard, comme pour beaucoup d’autres patientes confrontées au même déni et à la même détestation de leur corps.

Le centre Barbara accueille près de 80 personnes, majoritairement des femmes, pour des suivis pluridisciplinaires associant psychiatrie, thérapies familiales et ateliers pratiques. La demande a bondi de 30 % en trois ans, reflétant une tendance nationale. Près d’un million de Français souffriraient de troubles alimentaires, selon les estimations.

Les réseaux sociaux jouent un rôle alarmant dans cette progression. Sur TikTok, le hashtag #skinnytok véhicule des messages toxiques, glorifiant la restriction et la maigreur extrême. Ces injonctions pernicieuses, couplées à une société obsédée par l’apparence, nourrissent un terreau fertile pour les TCA. Julia, 19 ans, en a fait les frais : séduite par l’illusion d’une vie parfaite associée à la minceur, elle a sombré dans un engrenage destructeur.

Au cœur du traitement, les repas thérapeutiques symbolisent un défi majeur. Sous supervision, les patientes réapprennent à manger sans contrôle obsessionnel, à accepter des plats qu’elles ne maîtrisent pas. Ces moments, bien plus qu’une simple surveillance, visent à restaurer un rapport apaisé à l’alimentation.

Les rechutes font partie du processus. Camille, 24 ans, en témoigne : après une période de stabilité, la maladie a resurgi sous une nouvelle forme. Le chemin vers la guérison exige patience et persévérance, comme en témoignent les objectifs personnalisés fixés tous les trois mois. Pour Lucie, il s’agit notamment d’abandonner son « sourire de façade », ce masque derrière lequel elle dissimulait sa détresse.

Derrière chaque trouble alimentaire se cache une souffrance bien plus profonde qu’une simple peur de grossir. C’est cette réalité que tentent de dépasser, pas à pas, celles qui osent demander de l’aide.

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