Les élections législatives du 2 mars 2025 ont confirmé la mainmise du parti présidentiel sur le Parlement. Dans un contexte marqué par l’absence d’opposition réelle et une répression accrue, le régime d’Emomali Rakhmon renforce son emprise sur le pays.
Le Tadjikistan, ex-république soviétique d’Asie centrale, a organisé des élections législatives le 2 mars 2025, un scrutin sans suspense qui a une nouvelle fois consacré la domination du Parti démocratique populaire d’Emomali Rakhmon. Au pouvoir depuis 1992, le président tadjik a vu son parti remporter 49 des 63 sièges de la chambre basse du Parlement, selon les résultats officiels. Les quatre autres partis autorisés, tous loyaux envers Rakhmon, se partagent les sièges restants, dans un paysage politique verrouillé.
Le scrutin s’est déroulé dans un contexte de répression accrue contre toute forme de dissidence. Un mois avant les élections, neuf responsables politiques d’opposition et journalistes ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 27 ans de prison dans le cadre d’une affaire de « coup d’État » tenue secrète. Cette situation a été dénoncée par des observateurs internationaux, qui pointent une dégradation continue des libertés démocratiques. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a même renoncé à surveiller les élections, faute de garanties suffisantes pour mener à bien sa mission.
Sur le terrain, les médias indépendants ont été exclus du processus électoral, et les rares citoyens interrogés par l’AFP ont exprimé un sentiment de désillusion. « Pourquoi dépenser autant d’argent alors qu’on sait déjà qui sera élu ? Tout est connu à l’avance », a déclaré Matlouba, une enseignante de 23 ans. D’autres, comme Alicher, un ouvrier du bâtiment de 40 ans, ont jugé inutile de participer à un vote qui ne change rien à leur quotidien. Le Tadjikistan reste en effet l’une des nations les plus pauvres de l’ex-URSS, avec un salaire moyen inférieur à 200 euros par mois.
Ces élections législatives, les dernières avant la présidentielle de 2027, pourraient marquer un tournant dans l’histoire du pays. Emomali Rakhmon, âgé de 72 ans et au pouvoir depuis 32 ans, pourrait alors passer le relais à son fils, Roustam Emomali. Ce dernier, déjà député, maire de Douchanbé et président de la Fédération de football, cumule les responsabilités et semble être le candidat naturel pour succéder à son père. Une perspective qui pousse le régime à renforcer son contrôle sur les institutions, dans un pays encore marqué par la guerre civile des années 1990.
Pour les experts, ces élections ne sont qu’une formalité dans un système où le pouvoir exécutif domine tout. « Le Parlement ne joue aucun rôle significatif. Les députés ne font que légitimer les décisions du gouvernement », explique un analyste tadjik sous couvert d’anonymat. Cette situation est confirmée par le rapport 2025 de Freedom House, qui classe le Tadjikistan parmi les pays ayant enregistré la plus forte baisse des libertés civiles et politiques au cours de la dernière décennie. Un constat accablant pour un régime qui se présente pourtant comme garant de la stabilité et de l’unité nationale.