Le projet d’avenir institutionnel, centré sur l’autonomie élargie et une citoyenneté renforcée, suscite autant d’espoirs que de tensions entre indépendantistes et loyalistes.
Un texte ambitieux sur le futur de la Nouvelle-Calédonie circule désormais parmi les acteurs politiques locaux. Ce document, élaboré par l’État français, propose une refonte des relations entre Paris et l’archipel, avec pour objectif affiché de dépasser les clivages traditionnels. Les discussions se poursuivent à distance, en attendant la reprise des négociations en présentiel fin avril.
Parmi les propositions phares figure le maintien du droit à l’autodétermination, mais sous une forme repensée. Exit les référendums binaires sur l’indépendance : place à une consultation portant sur un projet global, nécessitant l’approbation des trois cinquièmes des élus locaux pour être soumis au vote. Une manière, selon le texte, d’éviter les blocages tout en garantissant une adhésion large. Les indépendantistes, minoritaires dans les institutions, devront donc convaincre au-delà de leur base pour déclencher une telle consultation.
Sur le plan des compétences souveraines, le projet prévoit un partage encadré avec l’État. Si la défense, la justice ou la diplomatie restent du ressort de Paris, des mécanismes de coopération renforcée sont envisagés, comme la création d’un comité stratégique commun ou l’intégration de représentants coutumiers dans certaines instances judiciaires. Des avancées jugées insuffisantes par certains indépendantistes, qui y voient une autonomie en trompe-l’œil.
La question épineuse du corps électoral semble en revanche trouver un terrain d’entente. La citoyenneté calédonienne, condition d’accès aux scrutins locaux, serait automatique pour les natifs et leur famille, tout en étant accessible aux résidents de longue durée après un examen de connaissance des spécificités culturelles locales. Une mesure destinée à apaiser les craintes identitaires tout en reconnaissant l’attachement des populations installées.
Enfin, le texte acte un renforcement des provinces, notamment en matière fiscale, une revendication des loyalistes. Cette perspective inquiète cependant les indépendantistes, qui redoutent un déséquilibre accru au profit de la province Sud, moteur économique de l’archipel. Pour eux, cette réforme risquerait d’entériner une partition de fait du territoire.
Alors que les positions restent éloignées sur plusieurs points, les prochaines semaines s’annoncent déterminantes. Le retour des négociations en présenté marquera un temps fort dans la recherche d’un compromis acceptable par tous.