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Milorad Dodik dans la tourmente : un mandat d’arrêt national secoue la Bosnie

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Le chef des Serbes de Bosnie, accusé d’atteinte à l’ordre constitutionnel, défie les autorités tout en promettant de poursuivre sa politique controversée. Une crise politique majeure se profile dans un pays déjà fragilisé.

Un mandat d’arrêt national a été lancé contre Milorad Dodik, président de la Republika Srpska, l’entité serbe de Bosnie. Ce dernier est visé par une enquête pour « attaque contre l’ordre constitutionnel », une accusation qui découle de son refus de se conformer aux décisions des institutions centrales. Malgré cette pression judiciaire, Dodik a affirmé son intention de maintenir sa stratégie visant à affaiblir les structures étatiques communes.

La cour d’État basée à Sarajevo a émis ce mandat après que Dodik a ignoré une convocation du parquet. Vahidin Munjic, directeur de la police de la Fédération croato-musulmane, a confirmé que toutes les forces de l’ordre du pays, y compris celles de la Republika Srpska, étaient tenues de coopérer. Cependant, la situation reste tendue, chaque entité disposant de sa propre police, tandis qu’une force centrale, la Sipa, est habilitée à intervenir sur l’ensemble du territoire.

À Banja Luka, siège du pouvoir de la Republika Srpska, des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place. Des unités d’élite patrouillent autour du palais présidentiel, et le gouvernement local a ordonné une protection maximale pour ses dirigeants. Outre Dodik, le Premier ministre Radovan Viskovic et le président du Parlement Nenad Stevandic font également l’objet de mandats d’arrêt dans le cadre de la même enquête.

Les tensions ont atteint leur paroxysme après l’adoption par le Parlement de la Republika Srpska d’une loi visant à exclure les institutions judiciaires et policières centrales de son territoire. Dodik a promulgué cette législation en février, provoquant une vive réaction des autorités bosniennes. Il a réaffirmé sa détermination à poursuivre cette politique, accusant les dirigeants bosniaques de chercher à provoquer un conflit.

La situation est d’autant plus complexe que la police centrale, la Sipa, est dirigée par Darko Culum, un proche de Dodik, qui a récemment démissionné pour rejoindre le ministère de l’Intérieur de la Republika Srpska. Cette décision affaiblit encore davantage les chances d’une arrestation des responsables visés.

Parallèlement, un délai accordé aux fonctionnaires serbes de Bosnie pour quitter les institutions centrales et rejoindre celles de la Republika Srpska a expiré sans que la majorité d’entre eux ne se conforme à cette demande. En outre, les autorités locales préparent une loi sur le contrôle frontalier, une compétence actuellement dévolue à la police d’État.

Le président serbe Aleksandar Vucic, allié de Dodik, a exprimé son inquiétude face à cette crise. Il a averti que toute tentative d’arrestation des dirigeants serbes de Bosnie pourrait entraîner une « catastrophe totale ». Vucic a annoncé son intention de discuter de la situation avec les responsables de l’Otan et de l’Union européenne lors d’une réunion à Bruxelles.

Dans un contexte déjà marqué par des divisions profondes, cette escalade politique menace de déstabiliser davantage la Bosnie-Herzégovine, un pays encore marqué par les séquelles de la guerre des années 1990.

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