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Le spectre de Chido hante les esprits mahorais à l’aube de la nouvelle saison cyclonique

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_**Un an après le passage dévastateur du cyclone, la population de Mayotte affronte une anxiété profonde, où les séquelles psychologiques se mêlent à une précarité aggravée, dans un contexte de carences criantes en soutien spécialisé.**_

Le souvenir du cyclone Chido, survenu en décembre 2024, reste vivace à Mayotte. Pour de nombreux habitants comme Antoine Mhoudhoiri, le simple retour des pluies saisonnières réveille une détresse aiguë. Son récit, marqué par la peur d’être emporté sous les débris de sa propre maison, illustre un traumatisme collectif. La saison cyclonique, qui s’étend habituellement de novembre à mars, s’accompagne désormais d’une appréhension palpable, poussant certains à envisager de quitter l’île à la première alerte.

Les professionnels de la santé mentale observent une recrudescence des troubles anxieux, en particulier chez les plus jeunes. L’arrivée des intempéries provoque chez beaucoup d’enfants des angoisses significatives, selon les témoignages recueillis par les psychologues intervenant sur le terrain. Cette vulnérabilité psychologique est d’autant plus forte que la mémoire collective avait, jusqu’à Chido, minoré les risques, s’appuyant sur l’idée d’une protection naturelle offerte par Madagascar. L’absence de phénomène d’une telle violence depuis des décennies avait contribué à un sentiment de relative sécurité, aujourd’hui ébranlé.

Au-delà du choc émotionnel, c’est la crainte de manquer du nécessaire qui resurgit. Les jours ayant suivi le cyclone, marqués par des pénuries d’eau, de nourriture et de communications, ont laissé une empreinte durable. Dans un département où plus des trois quarts de la population vit sous le seuil de pauvreté national, l’événement climatique a exacerbé une précarité préexistante. La peur de ne pas pouvoir subvenir aux besoins essentiels demeure une préoccupation constante pour de nombreuses familles.

Face à cette détresse, les moyens de prise en charge apparaissent notoirement insuffisants. Les demandes de suivi psychologique ont considérablement augmenté, mais les ressources manquent, que ce soit dans le secteur hospitalier ou associatif. Le centre hospitalier de Mayotte ne dispose que d’une fraction des postes de psychiatres budgétés et ne compte aucun lit dédié à la pédopsychiatrie, contraignant parfois à des hospitalisations inadaptées pour les mineurs. Des initiatives ont été annoncées par les autorités sanitaires, comme la création de nouveaux centres médico-psycho-pédagogiques, mais elles peinent à répondre à l’ampleur des besoins.

L’île se trouve ainsi confrontée à un double défi. Elle doit simultanément reconstruire les infrastructures endommagées et panser les blessures invisibles laissées par Chido, dans un contexte où la prochaine tempête pourrait survenir avant que les cicatrices de la précédente ne soient refermées.

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