Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

Le sloughi, trésor canin de la Tunisie en péril

Article

le

Race millénaire au bord de l’extinction, ce lévrier emblématique mobilise éleveurs et défenseurs du patrimoine pour sa survie.

En Tunisie, une poignée de passionnés se bat pour préserver le sloughi, un lévrier au profil élancé et à l’histoire intimement liée à celle des nomades nord-africains. Ce chien, représenté sur des mosaïques romaines et jadis indispensable pour la chasse, voit aujourd’hui sa pureté génétique menacée par des croisements anarchiques avec des races étrangères.

Olfa Abid, vétérinaire engagée, alerte sur l’urgence d’agir. Elle possède trois femelles sloughis et consacre son temps à sensibiliser le public. Selon elle, l’introduction de chiens venus d’Espagne ou d’Algérie, destinés à améliorer les performances en compétition, fragilise l’authenticité de la race. La Centrale canine tunisienne (CCT) tente d’inverser la tendance en œuvrant pour une reconnaissance internationale du sloughi, dont il ne resterait plus que 200 spécimens autochtones.

Autrefois compagnon des tribus Mrazig dans le sud du pays, ce lévrier était un atout précieux pour la survie en milieu aride. Rapide et endurant, il rapportait du gibier et veillait sur les troupeaux. Contrairement à d’autres chiens dans la culture arabo-musulmane, le sloughi jouissait d’un statut privilégié, autorisé à partager les repas et les tentes.

Mais l’urbanisation et la disparition du mode de vie nomade ont accéléré son déclin. À Douz, où se tient chaque année un festival célébrant ses talents de chasseur, l’éleveur Nabil Marzougui plaide pour un plan de protection national. La CCT, de son côté, recense les individus typiques afin d’établir un standard morphologique, préalable à un programme de reproduction rigoureux.

Pour Hatem Bessrour, jeune ingénieur agricole, ce combat dépasse la simple préservation animale. Il s’agit de sauvegarder un pan entier de l’identité tunisienne, au même titre que les vestiges archéologiques. Alors que la Fédération cynologique internationale pourrait bientôt reconnaître officiellement la race, l’espoir renaît pour ce lévrier au port altier, symbole d’un héritage à transmettre.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus