Face à un monde en quête de sens, les pratiques spirituelles ancestrales séduisent de plus en plus de Britanniques. Entre traditions et modernité, le paganisme s’impose comme une voie spirituelle en plein essor.
Au Royaume-Uni, les adeptes du paganisme, longtemps perçus comme des marginaux, voient leur communauté s’agrandir. Druides, sorcières et chamanes se rassemblent pour célébrer des rituels ancestraux, notamment lors de moments clés comme l’équinoxe de printemps. Selon les derniers chiffres du recensement, le nombre de personnes se déclarant païennes a augmenté de manière significative, passant de 57 000 en 2011 à 74 000 en 2021. À cela s’ajoutent 8 000 chamanes et 13 000 adeptes du wiccanisme, un courant mêlant sorcellerie et mythologie antique.
Sarah Kerr, présidente de la Fédération païenne du Royaume-Uni, voit dans cette progression un signe d’espoir. Pour cette sorcière et guérisseuse de 45 ans, le paganisme répond à un besoin profond de reconnexion avec la nature. Les rituels, souvent inspirés de traditions polythéistes et de croyances magiques, permettent de célébrer les cycles naturels et de renouer avec des pratiques spirituelles oubliées. À l’occasion de l’équinoxe, Sarah prévoit ainsi de participer à une cérémonie dans le Derbyshire, symbole du renouveau de la vie.
Jonathan Woolley, druide et fonctionnaire au ministère de l’Environnement, incarne cette modernité du paganisme. Loin des clichés, ce trentenaire revendique une spiritualité en phase avec son époque. Découvrant le druidisme grâce à la bande dessinée Astérix, il a choisi cette voie à 21 ans après avoir visité Stonehenge. Pour lui, le paganisme est une foi à part entière, accessible à tous, quels que soient leur métier ou leur milieu. L’augmentation du nombre d’adeptes témoigne, selon lui, d’une reconnaissance croissante de cette spiritualité.
Angela Barker, sorcière et influenceuse sur TikTok, représente une autre facette de ce renouveau. Cette habitante de Mansfield perpétue une tradition familiale en mêlant rituels ancestraux et outils modernes. Elle utilise les réseaux sociaux pour partager son savoir et sensibiliser aux pratiques traditionnelles, tout en dénonçant certaines dérives de la « witchfluence ». Lectrice de tarot et créatrice de cristaux, Angela incarne une sorcellerie à la fois enracinée et ouverte sur le monde.
Raegan Shanti, sorcière et professeure de danse, voit dans le paganisme un pont entre les cultures. D’origine hindouiste, elle trouve des similitudes entre la spiritualité de ses parents et ses propres croyances. Pour elle, la reconnaissance croissante du paganisme est une victoire après des années de discriminations. Aujourd’hui, elle peut célébrer l’équinoxe dans son jardin du Bedfordshire sans crainte, entourée d’une communauté grandissante.
Enfin, Andrew Brennand, druide et instituteur, témoigne de l’évolution des mentalités. Ce quinquagénaire, qui a embrassé le paganisme dans les années 1990, voit dans cette spiritualité une réponse aux défis contemporains. L’importance accordée à la nature et à la communauté séduit de plus en plus de personnes, y compris parmi ses élèves. Pour lui, le paganisme n’est plus une pratique marginale, mais une voie spirituelle profondément ancrée dans le présent.
Ainsi, entre traditions millénaires et modernité, le paganisme britannique s’affirme comme une spiritualité en plein essor, répondant aux aspirations d’une société en quête de sens et de reconnexion avec le monde naturel.