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Le masculinisme s’affiche sans complexe, une menace grandissante pour l’égalité

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Alors que les discours masculinistes gagnent en visibilité, portés par des figures controversées, les experts alertent sur une normalisation de la misogynie et une polarisation croissante de la société.

Le mouvement masculiniste, longtemps confiné à des cercles marginaux, s’impose désormais au grand jour. Porté par des personnalités comme Andrew Tate ou Jordan Peterson, il séduit une audience jeune et vulnérable, tout en alimentant un climat de tension avec les mouvements féministes. Ces figures, souvent associées à des idéologies populistes de droite, véhiculent une vision de la masculinité fondée sur la domination et la violence, tout en rejetant les avancées en matière d’égalité des sexes.

Andrew Tate, ancien champion de kickboxing et influenceur controversé, incarne cette tendance. Malgré des accusations graves, notamment pour traite d’êtres humains et viols, il continue de diffuser ses idées sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter). Ses discours, qui glorifient une masculinité toxique et dénigrent les femmes, trouvent un écho particulier auprès des adolescents et des jeunes adultes. Bien que banni de certaines plateformes comme Instagram et TikTok, il reste une figure influente, alimentant les débats sur la responsabilité des réseaux sociaux dans la propagation de contenus haineux.

Jordan Peterson, psychologue canadien, est une autre figure clé de cette mouvance. Ses théories, qui justifient les inégalités entre les sexes par des arguments pseudo-scientifiques, rencontrent un succès notable. Ces discours s’inscrivent dans un contexte plus large de montée du populisme de droite et de rejet des politiques dites « woke », perçues comme une menace par certains. Mark Zuckerberg, fondateur de Meta, a lui-même appelé à un retour à une « énergie masculine », illustrant l’influence de ces idées dans les sphères les plus influentes.

Les experts soulignent que cette montée en puissance du masculinisme est liée à un sentiment d’aliénation chez de nombreux jeunes hommes. Dans un monde marqué par l’instabilité économique et sociale, ces derniers se tournent vers des espaces en ligne, souvent qualifiés de « manosphère », pour trouver des réponses à leurs questionnements. Ces forums, bien que parfois présentés comme des lieux d’entraide, deviennent rapidement des espaces toxiques où la misogynie et le sexisme se banalisent.

Les conséquences de cette radicalisation sont préoccupantes. Des faits divers tragiques, comme le meurtre d’une collégienne par un adolescent influencé par les thèses masculinistes, illustrent les dangers de ces discours. Les jeunes, peu armés pour décrypter ces messages, sont particulièrement vulnérables. Gareth Southgate, ancien sélectionneur de l’équipe d’Angleterre de football, a récemment dénoncé ces influenceurs qui « trompent délibérément les jeunes hommes en leur faisant croire que le succès se mesure à l’argent ou à la domination ».

Face à cette situation, les appels à la vigilance se multiplient. Les chercheurs et les éducateurs insistent sur la nécessité de mieux encadrer les contenus en ligne et de sensibiliser les jeunes aux dangers de ces idéologies. La série britannique « Adolescence », diffusée sur Netflix, explore ces enjeux à travers une fiction inspirée de faits réels, rappelant que les mots peuvent avoir des conséquences dramatiques. Dans un monde de plus en plus polarisé, le défi consiste à préserver les avancées en matière d’égalité tout en répondant aux préoccupations légitimes de ceux qui se sentent marginalisés.

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