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Indonésie : la colère monte face à l’aide jugée insuffisante

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Trois semaines après des intempéries d’une ampleur exceptionnelle, les populations sinistrées de Sumatra, confrontées à un paysage de désolation, expriment leur exaspération devant la lenteur des secours et réclament un soutien extérieur, que les autorités nationales refusent pour l’heure.

Les images qui s’offrent aujourd’hui aux habitants de Pendigam, dans la province d’Aceh, contrastent cruellement avec le souvenir de leurs plantations. Là où s’étendaient des cultures prospères ne subsiste désormais qu’un terrain vague, uniformément recouvert d’une épaisse couche de boue. Les vestiges des habitations, les arbres déracinés et les débris épars dessinent un panorama de ruines. Pour des milliers de familles, le chemin vers un retour à la normale semble interminable.

Nurlela Agusfitri, commerçante d’une quarantaine d’années, erre parmi les décombres de ce qui fut son domicile. Elle évoque, la voix empreinte d’émotion, le choc de découvrir sa maison emportée et ses biens dispersés. Avec ses deux enfants, elle a trouvé refuge dans un abri de fortune, sans perspective claire pour les jours à venir. Son cas illustre la détresse matérielle et psychologique qui frappe des centaines de milliers de personnes, alors que le bilan officiel des intempéries dépasse le millier de décès et compte plus de deux cents disparus.

Cette détraste a poussé des groupes de citoyens et d’étudiants à manifester leur mécontentement devant l’assemblée provinciale de Banda Aceh. Les manifestants réclament une reconnaissance officielle de l’état de catastrophe nationale, une mesure qui, selon eux, faciliterait l’arrivée d’une assistance internationale et un renforcement logistique des opérations sur le terrain. Ils estiment que les moyens déployés par l’État central restent en deçà des besoins immenses.

Le président Prabowo Subianto maintient pourtant une position ferme. Il a réaffirmé à plusieurs reprises que l’Indonésie disposait des capacités nécessaires pour gérer la situation sans recourir à l’aide étrangère, arguant que seules trois des trente-huit provinces du pays étaient concernées. Il a annoncé la création d’un groupe de travail dédié à la reconstruction, tout en confirmant le rejet des offres de soutien émanant d’autres gouvernements.

Cette posture suscite des critiques au sein de la société civile. Des responsables d’organisations non gouvernementales, comme Surya Firdaus de la Fondation Beulangong Raja Aceh, appellent les autorités à faire preuve de pragmatisme et à accepter toute forme de coopération susceptible de soulager les populations. Ils soulignent que l’urgence humanitaire devrait primer sur toute considération de souveraineté.

Dans ce contexte, l’administration provinciale d’Aceh a pris les devants en sollicitant directement l’appui de plusieurs agences des Nations unies, invoquant leur expérience acquise lors de la reconstruction après le tsunami de 2004. Le Programme des Nations unies pour le développement et l’Unicef ont confirmé avoir été contactés et procèdent actuellement à des évaluations pour déterminer la nature de leur éventuelle intervention.

Sur le terrain, l’angoisse persiste. Pour des sinistrés comme Nurlela, les assurances gouvernementales peinent à apaiser les craintes concrètes. La question du relogement et de l’accès à la terre, élément fondamental pour reconstruire une existence, reste entière et sans réponse claire, laissant planer l’ombre d’une précarité durable sur l’avenir de toute une région.

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