Des vies brisées et des familles contraintes à un retour précipité vers une Afghanistan en crise.
La situation humanitaire à la frontière afghano-pakistanaise atteint un point critique. Ces derniers jours, plus de 8 000 personnes ont été contraintes de quitter le Pakistan pour regagner leur pays d’origine, selon les chiffres communiqués par les agences internationales. Les autorités pakistanaises intensifient leur campagne d’expulsions, visant aussi bien les migrants en situation irrégulière que ceux disposant auparavant de titres de séjour valides.
Les témoignages recueillis sur le terrain décrivent des conditions de départ brutales. Certains racontent avoir été sommés de quitter leur domicile en quelques heures, abandonnant biens et moyens de subsistance. Les postes-frontières de Torkham et Spin Boldak voient affluer des familles entières, souvent sans ressources ni perspective d’accueil. Les organisations humanitaires s’alarment d’une probable aggravation du phénomène dans les semaines à venir, avec des estimations évoquant jusqu’à un million de retours forcés.
Le Pakistan justifie cette politique par des impératifs sécuritaires et économiques, accusant une partie des réfugiés afghans de participer à l’instabilité du pays. Pourtant, beaucoup de ces exilés vivaient depuis des décennies sur son territoire, y ayant parfois fondé une famille. Les défenseurs des droits humains dénoncent des arrestations arbitraires, des extorsions et un climat de peur entretenu à leur encontre.
L’Afghanistan, déjà fragilisé par une crise économique profonde et l’effondrement des services publics, se trouve confronté à un afflux inédit de populations vulnérables. Le système de santé, les infrastructures d’accueil et les réseaux de distribution alimentaire risquent d’être rapidement submergés. Les appels à une coordination internationale se multiplient, mais les moyens manquent pour répondre à l’urgence.
Cette vague de retours forcés interroge également sur le sort réservé aux anciens réfugiés, notamment les femmes et les minorités, dans un Afghanistan sous domination talibane. Les risques de persécution et l’absence de cadre juridique protecteur ajoutent une dimension inquiétante à cette crise humanitaire en devenir.