En Syrie, la société civile se mobilise pour s’assurer que la transition politique ne se transforme pas en un retour à l’autoritarisme.
Dans les ruelles de Damas, une nouvelle dynamique se dessine. Alors que les échos de la chute du régime de Bachar al-Assad résonnent encore, les citoyens syriens, autrefois étouffés par la répression, se retrouvent désormais au cœur d’une effervescence démocratique. La société civile, longtemps muselée, prend la parole et revendique son rôle dans la construction d’une Syrie post-Assad.
Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste radicale le 8 décembre, la capitale syrienne est le théâtre de rencontres inédites. Dans des maisons traditionnelles, des militants discutent de l’avenir du pays, cherchant à s’imposer comme une force incontournable dans la transition. La plateforme Madaniya, regroupant des dizaines d’organisations, a notamment rencontré le nouveau dirigeant, Ahmad al-Chareh, pour exprimer ses attentes.
La directrice exécutive de Madaniya, Sawsan Abou Zainedin, a insisté sur l’importance de la diversité dans la composition de l’autorité transitoire. « Nous avons souligné le rôle essentiel que doit jouer la société civile dans cette période de transition », a-t-elle déclaré. Elle a également critiqué la nomination de jihadistes étrangers à des postes clés, une pratique qui pourrait compromettre la légitimité du nouveau gouvernement.
Abdulhay Sayed, avocat et signataire d’une pétition pour des élections libres au sein de l’Ordre des avocats, a évoqué le « vide constitutionnel » dans lequel se trouve la Syrie. Il insiste sur la nécessité d’une conférence de dialogue national inclusive, où la société civile et les syndicats auraient leur place. Cette conférence serait l’occasion de définir une feuille de route pour des élections libres et la rédaction d’une nouvelle constitution.
Cependant, le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, a suggéré que la tenue d’élections pourrait prendre jusqu’à quatre ans, une perspective qui inquiète ceux qui aspirent à une démocratisation rapide. La société civile, consciente des risques de dérive autoritaire, s’organise pour maintenir la pression sur le pouvoir en place.
En parallèle, les femmes syriennes ne restent pas en marge de ce mouvement. Lors d’un congrès du « mouvement politique féministe syrien », des voix fortes se sont élevées. Joumana Seif, juriste, a souligné l’importance de la participation active des femmes dans cette nouvelle ère. « Nous ne voulons pas d’un nouvel oppresseur », a-t-elle affirmé, rappelant l’urgence de bâtir un État de droit où les droits des minorités et des femmes seraient respectés.
La société civile syrienne, par sa mobilisation et sa détermination, montre qu’elle ne veut plus subir les affres d’un régime autoritaire. En se positionnant comme un acteur clé de la transition, elle espère façonner un avenir où la liberté et la justice seront les piliers d’une nouvelle Syrie.