Économie
Arnaud Lagardère va perdre le contrôle absolu du groupe hérité de son père
Arnaud Lagardère va perdre le contrôle absolu du groupe hérité de son père: le conseil de surveillance a acté un projet de transformation en société anonyme avec l’aval des principaux actionnaires, mettant fin à un long bras de fer sur la gouvernance de l’entreprise.
Arnaud Lagardère a toutefois obtenu la garantie d’un poste de PDG pendant six ans dans la future organisation. La transformation de gouvernance sera soumise au vote des actionnaires lors de la prochaine assemblée générale du 30 juin.
Ce bouleversement résulte d’un accord trouvé avec les principaux actionnaires du groupe, à savoir Bernard Arnault (Groupe Arnault), Vincent Bolloré (Vivendi) et Joseph Oughourlian (Amber Capital).
Mercredi, le propriétaire de Hachette Livre et de plusieurs médias dont Europe 1 et Paris Match a annoncé que son conseil de surveillance avait « accueilli favorablement » la proposition de transformer en classique société anonyme le groupe jusqu’alors placé sous le statut atypique de la commandite, un rempart contre les prises de contrôle actionnarial.
Les principaux actionnaires de Lagardère se sont « engagés à voter en faveur de l’opération »: précise le groupe dans son communiqué. Il a notamment conclu avec le fonds britannique Amber – qui bataillait de longue date pour des changements dans la gouvernance – « un accord transactionnel mettant fin aux diverses procédures qui les opposaient ».
Dans un communiqué séparé, le fonds activiste se réjouit du fait que le projet de transformation, « combiné à une nouvelle gouvernance, permettra aux actionnaires d’être associés à la définition des orientations stratégiques du groupe, qui s’en trouvera renforcé ».
Alliés de circonstance, les deux premiers actionnaires de Lagardère, Amber et Vivendi, étaient engagés de longue date dans une bataille actionnariale et judiciaire pour demander une meilleure prise en compte des intérêts des actionnaires.
Lagardère précise mercredi que « la gouvernance envisagée permettrait la continuité de la direction du groupe autour d’Arnaud Lagardère », actuellement gérant-commandité, qui sera désigné PDG pour une durée de six ans, tandis que Pierre Leroy, cogérant et récemment nommé à la tête d’Hachette Livre, sera directeur général délégué.
« Aucun regret »
Selon le projet, le conseil d’administration sera composé de onze membres: outre deux administrateurs représentant les salariés désignés par le Comité de groupe, trois administrateurs seront proposés par Arnaud Lagardère dont deux indépendants, trois par Vivendi dont deux indépendants, un administrateur par Qatar Holding LLC, un administrateur par Amber Capital, et un administrateur indépendant par Financière Agache
Cette transformation en société anonyme mettra fin au contrôle absolu d’Arnaud Lagardère sur le groupe hérité de son père Jean-Luc, mort en 2003.
L’héritier, qui a longtemps exclu de céder sa commandite, avait déjà été contraint de la monnayer dans l’accord conclu avec Bernard Arnault, à qui il a cédé 27% de sa holding pour éponger une partie de ses dettes personnelles.
« Je suis aujourd’hui sincèrement très très heureux de cette évolution. C’est un changement voulu et assumé de ma part, sans aucun état d’âme et sans aucun regret », a assuré Arnaud Lagardère lors d’une conférence téléphonique.
« A l’issue de la transformation, on pourra constater qu’aucun actionnaire ne disposera de la majorité des droits de vote au sein de l’assemblée ou de la majorité des voix au sein du conseil d’administration », a pour sa part déclaré Pierre Leroy.
Une « compensation » est ainsi prévue pour les associés commandités, soit Arnaud Lagardère et la société Arjil Commanditée – Arco: ils se verront attribuer un total de 10 millions d’actions nouvellement émises. Cette compensation correspondra « à environ 7,62% du capital social de la société pré-émission et environ 7,08 % du capital post-émission ».
Pour Arnaud Lagardère, « la distribution de cash n’était pas forcément la meilleure solution pour une entreprise qui fait des efforts sur la trésorerie. Le choix (de recevoir des actions), c’est moi qui l’ai pris. Je fais un pari nouveau en ayant des titres et pas du cash », a-t-il indiqué lors de la conférence téléphonique.
Mardi, Lagardère avait affirmé qu’aucune activité ne serait cédée si le projet devait aboutir. La transformation de gouvernance sera soumise au vote des actionnaires lors de la prochaine assemblée générale du 30 juin.
Économie
Allemagne: Record à 20.000 points pour le Dax, malgré la crise économique
Malgré un contexte économique tumultueux, l’indice allemand Dax 40 continue de briller, atteignant un record historique.
L’indice Dax, qui regroupe les quarante plus grandes entreprises allemandes cotées en Bourse, a franchi la barre symbolique des 20.000 points. Ce nouvel exploit, survenu en début de séance mardi, illustre la résilience et l’attractivité de l’économie allemande sur la scène mondiale, malgré une situation intérieure marquée par la récession.
Le Dax a su naviguer avec succès à travers les turbulences économiques de 2024. Les entreprises composant l’indice ont vu leur capitalisation boursière augmenter de 19% depuis le début de l’année. Certaines d’entre elles, comme Rheinmetall et Siemens Energy, ont même affiché des croissances spectaculaires, profitant de dynamiques sectorielles spécifiques. Cependant, cette performance exceptionnelle ne reflète pas nécessairement la santé de l’ensemble de l’industrie allemande, qui souffre de coûts énergétiques élevés et d’une demande mondiale en berne.
La clé de cette performance réside dans l’internationalisation des entreprises du Dax. Avec 84% de leur chiffre d’affaires réalisé à l’étranger, ces sociétés sont moins dépendantes de la conjoncture nationale. L’orientation vers les marchés dynamiques comme les États-Unis et l’Asie joue un rôle crucial. Les investisseurs sont particulièrement attentifs aux signaux positifs venant de Wall Street, où l’élection de Donald Trump a insufflé un regain d’optimisme avec la promesse de baisses d’impôts et de dérégulations.
Les marchés asiatiques, notamment chinois, apportent également un vent d’optimisme. Les politiques de relance économique mises en place par le gouvernement chinois laissent entrevoir une reprise potentielle, dont les entreprises exportatrices allemandes pourraient tirer profit. Cette internationalisation explique en partie pourquoi le Dax continue de prospérer alors que l’économie allemande prévoit une contraction de 0,2% du PIB pour l’année 2024.
La fin de l’année est également une période propice pour les investisseurs, qui cherchent à optimiser leurs portefeuilles avant la clôture annuelle. Cette pratique, connue sous le nom de « window dressing », contribue à soutenir la hausse des indices. Les investisseurs semblent également anticiper une reprise de l’économie allemande en 2025, espérant que les élections anticipées en Allemagne pourraient aboutir à un gouvernement plus dynamique.
Cependant, des incertitudes demeurent, notamment avec les menaces de Donald Trump de taxer les produits européens. La situation géopolitique mondiale, marquée par des conflits en Ukraine et au Proche-Orient, ajoute une couche de complexité. Mais pour l’instant, les investisseurs préfèrent se concentrer sur les perspectives de croissance à moyen terme, misant sur la capacité de l’Allemagne à rebondir et à surmonter les défis actuels.
Économie
Les salariés de Volkswagen en grève pour sauver les usines allemandes
Les employés de Volkswagen entament une grève sans précédent pour contrer la fermeture d’usines et préserver l’emploi en Allemagne.
Les travailleurs du constructeur automobile Volkswagen ont marqué le début d’une série de grèves dans leurs usines allemandes, s’opposant vigoureusement aux suppressions d’emplois envisagées par la direction. Ce mouvement social, qui pourrait s’intensifier, survient à un moment critique, en pleine campagne électorale, et met en lumière les défis auxquels est confrontée l’industrie automobile allemande.
La grève, qui a débuté lundi, est le reflet d’une tension croissante entre les salariés et la direction de Volkswagen. Devant l’usine de Hanovre, les grévistes brandissaient des pancartes avec des messages de défiance, tels que « Vous voulez la guerre, nous sommes prêts ». La mobilisation est orchestrée par le puissant syndicat IG Metall, dont les membres portent fièrement des gilets jaunes et des écharpes rouges, symboles de leur détermination.
Des actions similaires se déroulent à travers le pays, notamment à l’usine de Zwickau, où les employés expriment leur colère après trois mois d’incertitude quant à leur avenir professionnel. Daniela Cavallo, présidente du comité d’entreprise à Wolfsburg, a dénoncé une « vente à la découpe » des sites industriels allemands, soulignant l’importance de cette lutte pour la préservation de l’emploi et de l’industrie locale.
Cette grève n’est pas seulement un conflit interne à Volkswagen, mais elle résonne comme un signal d’alarme pour toute l’industrie allemande. Volkswagen, symbole de l’industrie automobile nationale, fait face à des défis majeurs : un marché mondial en ralentissement, une concurrence accrue des constructeurs chinois, et la nécessité de réduire ses coûts pour rester compétitif. Le constructeur cherche à économiser plusieurs milliards d’euros, ce qui implique des réductions drastiques de capacités de production en Allemagne.
Malgré trois séances de négociations infructueuses, les parties prenantes restent loin de trouver un terrain d’entente. La direction de Volkswagen a rejeté une proposition syndicale visant à réduire les coûts sans fermer d’usines, estimant cette solution non viable. Thomas Schäfer, patron de la marque VW, a réaffirmé la nécessité de réduire les capacités, tandis qu’IG Metall menace de mener la « lutte collective la plus dure » que Volkswagen ait jamais connue.
Cette crise chez Volkswagen s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés pour l’industrie allemande, confrontée à une transformation vers les technologies électriques et numériques. La paralysie politique actuelle, suite à la rupture de la coalition gouvernementale, n’arrange rien, laissant l’économie allemande dans une situation précaire. Les enjeux de la campagne électorale, notamment la relance économique, prennent une dimension cruciale, avec des propositions de subventions et de réduction des coûts énergétiques pour soutenir l’industrie.
Économie
Castorama et Leroy Merlin réduisent leurs effectifs dans leurs sièges
Dans un contexte économique difficile, Castorama et Leroy Merlin, deux piliers du secteur de la grande distribution spécialisée, annoncent des réductions de personnel au sein de leurs sièges sociaux.
La récente annonce de Castorama concernant un plan de départs volontaires pour jusqu’à 100 salariés de son siège à Lille, soit environ un sur sept, met en lumière les défis auxquels sont confrontés les acteurs majeurs du bricolage. Ce plan, qui ne touche pas les employés des magasins, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à améliorer la rentabilité de l’entreprise. Face à une concurrence féroce et à des conditions de marché changeantes, Castorama cherche à se repositionner pour rester compétitif.
Leroy Merlin, de son côté, a également procédé à des ajustements de son personnel au sein de ses fonctions centrales, avec un plan de rupture conventionnelle collective ayant déjà vu le départ de 130 collaborateurs. Ces mouvements de personnel reflètent une tendance plus générale dans le secteur, où les ventes reculent face à un contexte économique morose. Les deux enseignes subissent les contrecoups d’une baisse de la consommation, exacerbée par des facteurs tels que la baisse des transactions immobilières et des naissances, éléments qui réduisent traditionnellement les besoins en travaux domestiques.
Le secteur du bricolage, qui avait connu un essor pendant la pandémie de Covid-19 avec l’augmentation des projets de rénovation et de décoration intérieure, fait face à une désillusion post-pandémie. Les résultats financiers récents de Kingfisher, le groupe britannique propriétaire de Castorama et de Brico Dépôt, montrent une baisse des ventes de 4,9% pour Castorama et de 3,3% pour Brico Dépôt au troisième trimestre. Ces chiffres sont attribués à une combinaison de facteurs, notamment un moral des consommateurs en berne et des conditions météorologiques peu propices aux travaux extérieurs.
L’adaptation des effectifs aux nouvelles réalités économiques n’est pas un phénomène isolé. Auchan, autre membre du groupe Mulliez auquel appartient Leroy Merlin, a également annoncé un vaste plan social, menaçant près de 2.389 emplois en France. Ces mouvements soulignent la pression que les grandes enseignes subissent pour ajuster leurs structures opérationnelles afin de préserver leur viabilité financière.
Ces restructurations chez Castorama et Leroy Merlin illustrent une volonté de réajustement stratégique face à un marché en mutation. Les entreprises cherchent à se repositionner, à optimiser leurs coûts et à renforcer leur compétitivité dans un environnement où les consommateurs sont plus prudents et où les tendances de consommation évoluent rapidement.
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