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Abuja : les cultures urbaines étouffées par l’expansion immobilière

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Au cœur de la capitale nigériane, les terres agricoles résistent difficilement face à la pression foncière. Entre bétonisation et enjeux climatiques, leur survie est menacée.

Au milieu des voies rapides et des gratte-ciels d’Abuja, des parcelles de maïs, de manioc et de gombo tentent de subsister. Ces fermes urbaines, souvent installées dans des dépressions naturelles le long des cours d’eau, offrent une respiration verte dans une ville en pleine expansion. Pourtant, leur existence est de plus en plus précaire, grignotée par les promoteurs immobiliers avides d’espace.

La croissance démographique fulgurante d’Abuja, qui dépasse désormais les quatre millions d’habitants, accélère cette course au foncier. Des champs cultivés depuis des décennies disparaissent sous les pelleteuses, remplacés par des immeubles et des infrastructures. Certains agriculteurs, comme Bala Haruna, se souviennent d’une époque où ces terres étaient encore libres de toute construction. Aujourd’hui, le bruit des voitures couvre celui des oiseaux, et l’ombre des buildings remplace celle des arbres.

Malgré les réglementations censées protéger ces espaces verts, essentiels pour atténuer les températures caniculaires de la région, les expropriations se multiplient. Les compensations, lorsqu’elles existent, sont dérisoires. Des cultivateurs comme Godwin Iwok ont vu leurs plantations détruites sans avertissement, privant leurs familles de revenus stables dans un contexte économique déjà difficile.

L’urbanisation galopante révèle aussi des dysfonctionnements politiques. Le plan directeur de la ville, théoriquement conçu pour encadrer son développement, est régulièrement contourné au profit d’intérêts privés. Des terres agricoles sont requalifiées du jour au lendemain, sans consultation des exploitants.

Pourtant, ces fermes jouent un rôle crucial. Elles fournissent des emplois locaux, participent à la sécurité alimentaire et tempèrent les effets du réchauffement climatique. Pour des retraités comme Malik Guni, elles représentent même un havre de paix dans l’agitation urbaine. Mais face à la spéculation et aux projets d’aménagement, leur avenir semble plus incertain que jamais.

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