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Les chênes millénaires de Brière, mémoire vivante du climat

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Au cœur des marais de Loire-Atlantique, des artisans exhument un bois fossile qui livre des secrets climatiques vieux de plusieurs millénaires.

Dans les tourbières du marais de Brière, à près d’un mètre sous la surface, reposent des troncs de chênes ensevelis depuis des milliers d’années. Ces vestiges d’une forêt disparue à l’époque néolithique constituent aujourd’hui une archive naturelle exceptionnelle des variations climatiques passées. Des artisans spécialisés les extraient avec soin pour en faire des manches de couteaux, tout en participant à des recherches scientifiques d’envergure.

Chaque automne, lorsque le niveau des eaux le permet, les couteliers de l’atelier JHP parcourent la zone humide équipés de sondes en acier inoxydable. Dès qu’ils détectent la présence d’un tronc, ils entreprennent des fouilles minutieuses. Récemment, une équipe a mis au jour un spécimen de près de quatre mètres, qu’il a fallu dégager, soulever à l’aide d’un palan, puis sectionner pour le transport.

Ce bois fossilisé, localement appelé morta, représente bien plus qu’une simple matière première artisanale. Sa structure conserve dans ses cernes de croissance l’enregistrement précis des conditions environnementales ayant régné durant sa vie. Les analyses en cours permettront d’affiner les modèles climatiques et de mieux appréhender l’évolution future du climat.

La rareté de cette ressource a conduit les professionnels à engager des démarches de protection. Une demande d’indication géographique a été déposée afin de réserver l’appellation « morta » aux seuls chênes enfouis dans le marais de Brière, distinguant ainsi ce matériau unique de bois similaires provenant d’Europe de l’Est. Les discussions se poursuivent également avec les institutions culturelles régionales pour établir un cadre préservant ce patrimoine naturel tout en permettant son exploitation raisonnée.

Après leur extraction, les troncs entament une longue période de séchage de trois années avant d’être travaillés. Cette attente nécessaire confère au morta ses qualités exceptionnelles de solidité et de durabilité, déjà reconnues par le passé pour des usages exigeants comme la charpente. Ainsi se perpétue un savoir-faire ancestral, allié à une contribution précieuse à la connaissance scientifique.

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