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Les grands chefs s’élèvent contre une loi controversée sur les pesticides

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La profession culinaire, traditionnellement discrète sur les sujets politiques, sort de son silence pour dénoncer un texte jugé néfaste pour l’agriculture et la santé publique.

Une vague de protestation inédite traverse le monde de la gastronomie française. Plusieurs figures emblématiques des cuisines étoilées, ainsi que de jeunes talents, ont choisi de rompre avec leur habituelle réserve pour s’opposer fermement à la loi Duplomb. Ce texte, qui prévoit notamment la réautorisation sous conditions d’un pesticide interdit depuis 2018, suscite une opposition croissante, matérialisée par une pétition ayant recueilli près de deux millions de signatures.

L’étincelle est venue d’un post Instagram publié début juillet par Jacques Marcon, chef triplement étoilé en Haute-Loire. Dans un message adressé directement au sénateur à l’origine du projet, il dénonçait une législation qu’il estime dictée par les intérêts de l’agro-industrie au détriment de la qualité des produits et de la santé environnementale. Son appel a fait boule de neige, relayé par des centaines de professionnels.

Parmi les voix les plus marquantes, celle de Glenn Viel, célèbre pour son engagement en faveur d’une cuisine durable. Le chef provençal interroge les priorités budgétaires de la nation, suggérant de réorienter une partie des fonds vers la transition agricole plutôt que vers des solutions chimiques. Marie-Victorine Manoa, représentante d’une nouvelle génération de cuisiniers, abonde dans ce sens, évoquant l’absurdité de travailler avec des ingrédients appauvris par des traitements intensifs.

Jeudi dernier, une tribune collective parue dans un grand quotidien national a cristallisé ce mouvement. Rédigée sous l’égide de la plateforme Ecotable, spécialisée dans l’accompagnement des restaurants vers des pratiques écoresponsables, elle rassemble près de 400 signatures allant des palaces aux cantines scolaires. Le texte souligne la contradiction entre les valeurs affichées par la gastronomie française et les conséquences potentielles de cette loi sur la qualité des matières premières.

Ce sursaut collectif marque un tournant pour une profession qui, bien que soucieuse de promouvoir les circuits courts et les produits du terroir, s’était jusqu’ici peu mobilisée sur le terrain législatif. Certains chefs reconnaissent même leur part de responsabilité dans un système qu’ils jugent à bout de souffle, appelant à une refonte globale des relations entre cuisine et agriculture. La polémique révèle ainsi les tensions croissantes entre impératifs économiques, attentes sociétales et préservation des écosystèmes.

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