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Une forêt dévastée dans l’Aude livre des milliers de mètres cubes de bois valorisables

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Malgré les paysages calcinés laissés par les flammes, le massif des Corbières recèle une ressource insoupçonnée. Des centaines d’arbres carbonisés sont transformés en énergie ou en matériaux, créant une filière inattendue.

Sous le soleil automnal, les collines des Corbières présentent un spectacle de désolation. Des centaines d’hectares de forêt réduits en cendres lors du sinistre de l’été dernier laissent apparaître des troncs noircis dressés vers le ciel. Pourtant, cette végétation apparemment détruite conserve une valeur économique significative. Les experts forestiers ont identifié dans ce bois calciné une matière première utilisable pour différentes productions.

Le directeur territorial de l’Office national des forêts examine un spécimen récemment abattu pour sécuriser les accès. Malgré son écorce carbonisée, l’intérieur du tronc présente un bois parfaitement sain, comme en témoigne la sève qui continue de s’en écouler. Cette découverte confirme que la matière reste exploitable malgré son exposition aux flammes. L’incendie ayant parcouru près de seize mille hectares, les volumes concernés atteignent des proportions exceptionnelles, évalués entre soixante et quatre-vingt mille mètres cubes.

Sur les terrains dont il a la gestion, l’établissement public cherche à optimiser la valorisation de cette ressource imprévue. Le bois peut être transformé en plaquettes forestières destinées aux chaudières industrielles ou, lorsqu’il présente une forme suffisamment droite, être scié pour la fabrication de palettes. Cette orientation permet d’éviter le gaspillage d’une matière qui, autrement, serait laissée sur place.

Certaines entreprises se sont spécialisées dans ce type de matériau, généralement délaissé par les scieries traditionnelles. L’une d’elles, implantée dans le Gard, traite ainsi les bois issus des incendies majeurs de la région depuis une quinzaine d’années. Son directeur souligne que ce bois présente l’avantage d’être déjà sec, ce qui réduit considérablement les coûts de stockage et améliore sa valeur marchande. Le taux d’humidité réduit permet en effet une commercialisation à un prix plus intéressant.

Dans le cas précis des Corbières, l’entreprise intervient depuis plusieurs semaines sur des terrains privés, là où les dégâts ont été les plus importants. Les propriétaires forestiers y voient un partenariat bénéfique, leur évitant les frais de nettoyage tout en permettant une valorisation économique. Un viticulteur local qualifie cette démarche de vertueuse, estimant qu’il s’agit là d’une forme d’énergie verte, puisque le bois, voué à la décomposition, trouve ainsi une seconde vie.

Du côté des forêts publiques, l’opération de valorisation se poursuit méthodiquement. Après un travail de cartographie et d’évaluation des volumes commercialisables, une première vente aux enchères a permis d’écouler environ treize mille mètres cubes. Deux autres sessions sont programmées dans les prochains mois. Les recettes générées par ces transactions bénéficieront en partie aux communes touchées, leur permettant de financer des équipements de prévention contre les incendies ou des aménagements forestiers.

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