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Une forêt dévastée dans l’Aude livre des milliers de mètres cubes de bois valorisable

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Malgré les paysages calcinés laissés par les flammes cet été, le massif des Corbières devient le théâtre d’une vaste opération de récupération du bois brûlé, transformant une catastrophe écologique en ressource énergétique et économique.

Sous le soleil automnal, les collines des Corbières présentent un spectacle de désolation avec leurs centaines d’arbres carbonisés dressés vers le ciel. Pourtant, cette forêt ravagée par l’un des plus importants incendies survenus en France depuis cinquante ans recèle une ressource inattendue. Le bois, en apparence détruit, conserve en réalité une valeur marchande significative.

Les équipes de l’Office national des forêts œuvrent actuellement à sécuriser les pistes et à évaluer le potentiel de ces volumes exceptionnels. Malgré l’écorce noircie, l’intérieur des troncs demeure parfaitement sain, comme en témoigne la sève qui continue de s’en écouler. Cette matière ligneuse, préservée des atteintes du feu, se révèle entièrement exploitable.

Le sinistre d’août dernier a parcouru près de seize mille hectares répartis sur dix-sept communes, avec une surface effectivement brûlée évaluée à plus de onze mille hectares. Les experts forestiers estiment entre soixante et quatre-vingt mille mètres cubes la masse de bois à traiter, des volumes jamais atteints dans la région depuis l’incendie de la dune du Pilat dans les Landes.

Sur les forêts domaniales et communales, l’établissement public cherche à optimiser la valorisation de cette ressource imprévue. Le bois droit peut être scié pour la fabrication de palettes, tandis que les autres parties sont transformées en plaquettes forestières destinées à alimenter des chaudières industrielles. Certaines entreprises se sont spécialisées dans ce matériau particulier, délaissé par les scieries traditionnelles.

L’un des atouts majeurs de ce bois brûlé réside dans son état de sécheresse avancée, qui le rend immédiatement utilisable sans nécessiter de coûteux stockages de séchage. Son taux d’humidité réduit lui confère une valeur commerciale supérieure, se négociant autour de soixante à soixante-dix euros la tonne.

Dans les zones les plus touchées, où des dizaines de milliers de tonnes de bois ont été affectées, des partenariats se sont établis entre propriétaires privés et entreprises de valorisation. Les exploitants forestiers évacuent gratuitement les arbres calcinés, tandis que les agriculteurs bénéficient du nettoyage de leurs parcelles sans frais.

Cette démarche circulaire permet de transformer en énergie verte une matière qui, autrement, serait vouée à la pourriture sur place. Les premières ventes aux enchères ont déjà permis d’écouler environ treize mille mètres cubes, avec deux autres sessions programmées prochainement.

Les recettes générées par cette opération inédite bénéficieront en partie aux communes sinistrées, qui pourront ainsi financer des investissements forestiers ou des équipements de lutte contre les incendies. Même si la configuration des terrains ne permettra pas d’exploiter la totalité des surfaces brûlées, cette valorisation constitue une lueur d’espoir dans un paysage meurtri.

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