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Culture

Poy Sang Long : le rite sacré des jeunes Shan entre tradition et exil

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Chaque année, des garçons de l’ethnie Shan vivant en Thaïlande vivent une initiation bouddhiste spectaculaire, mêlant spiritualité et résistance culturelle.

Dans le nord de la Thaïlande, au temple Ku Tao de Chiang Mai, une quarantaine d’enfants vêtus de costumes princiers aux couleurs éclatantes défilent portés à bout de bras par leurs proches. Ce rituel ancestral, appelé Poy Sang Long, marque leur entrée temporaire dans la vie monastique. Les jeunes participants, âgés de 7 à 12 ans, ont préalablement été rasés par des moines, symbole de leur renoncement aux vanités du monde.

Pour ces familles shan, originaires de Birmanie mais réfugiées en Thaïlande depuis des décennies, la cérémonie représente bien plus qu’une simple tradition religieuse. Elle incarne la préservation d’une identité culturelle malgré l’exil. Les parents investissent des sommes considérables – jusqu’à 150 000 bahts (près de 4 000 euros) – pour offrir à leurs fils cette expérience transformatrice, censée leur apporter mérite et sagesse.

Les festivités, rythmées par des chants et des percussions traditionnelles, attirent une foule nombreuse. Les garçons, parés de bijoux et de coiffes florales, évoquent la légende d’un prince birman, tandis que le fait d’être porté sur les épaules symbolise leur élévation spirituelle. Après trois jours de célébrations, ils passeront plusieurs semaines dans un monastère, suivant les enseignements bouddhistes.

Pour beaucoup de Shan, cette cérémonie annuelle est aussi un moyen de renouer avec leurs racines. L’instabilité politique en Birmanie, accentuée par le coup d’État de 2021, a poussé des milliers d’entre eux à chercher refuge en Thaïlande. Malgré leur intégration, leur attachement à leur terre natale demeure profond. « Mon cœur reste dans l’État Shan », confie une mère, émue, tandis que son fils participe au cortège.

À travers le Poy Sang Long, cette communauté perpétue un héritage fragile, entre gratitude envers leur pays d’accueil et fidélité à leurs origines. Un équilibre délicat, mais essentiel pour ces familles en quête de paix et de transmission.

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