Paris prêt à intervenir pour sauver le BHV

La municipalité annonce son intention de se porter acquéreur des murs du grand magasin, alors que l’enseigne traverse une crise profonde liée à l’arrivée controversée de Shein et à des difficultés financières persistantes.

La Ville de Paris a fait savoir, mardi, qu’elle étudiait la possibilité de se porter acquéreur de l’immeuble du Bazar de l’Hôtel de Ville. Cette déclaration intervient à un moment critique pour l’avenir de l’enseigne, dont la direction est confrontée à d’importantes turbulences. L’exécutif municipal souhaite ainsi se positionner pour garantir la pérennité de l’activité commerciale et des emplois sur ce site emblématique, tout en envisageant d’y intégrer des logements sociaux.

Cette initiative fait suite aux fortes inquiétudes suscitées par la situation financière du magasin et par l’installation récente d’un espace dédié à la marque Shein. Cette décision du propriétaire actuel, la Société des Grands Magasins, a provoqué le départ de plusieurs enseignes prestigieuses et retenu l’attention des pouvoirs publics. L’opérateur historique, le groupe Galeries Lafayette, a d’ailleurs mis fin à son partenariat avec la SGM pour plusieurs magasins en région.

L’acquisition des murs par la SGM, qui possède déjà le fonds de commerce, fait l’objet de négociations dont l’issue reste incertaine. Un éventuel retrait de l’actuel propriétaire ouvrirait la voie à une intervention municipale. L’achat, évalué à plusieurs centaines de millions d’euros, serait réalisé via une structure associant capitaux publics et privés. Le projet porterait sur la création d’une vitrine pour la production manufacturière parisienne et française, nécessitant une adaptation des règles d’urbanisme.

Les représentants du personnel ont exprimé leur vive préoccupation face à cette nouvelle incertitude, réclamant une rencontre urgente avec la municipalité. Ils pointent une dégradation sensible de la situation économique du magasin, les recettes générées par le nouvel arrivant étant insuffisantes pour compenser les pertes ailleurs. L’annonce de la maire a également été accueillie avec scepticisme par certains élus d’opposition, qui y voient une manœuvre à visée électorale.

Parallèlement, le principal actionnaire de la SGM affirme poursuivre ses discussions avec des investisseurs pour finaliser le rachat du bâtiment. Ces déclarations peinent à convaincre certains anciens partenaires commerciaux, qui dénoncent des retards de paiement et un manque de fiabilité. L’avenir du BHV, qui emploie directement plusieurs centaines de personnes, se jouera dans les prochains jours, entre la finalisation de cet achat et la capacité à redresser son activité commerciale.