Le géant des semi-conducteurs subit de plein fouet les tensions géopolitiques entre Washington et Pékin, avec des conséquences financières immédiates.
Les nouvelles mesures restrictives imposées par les États-Unis sur les exportations de technologies avancées vers la Chine frappent durement Nvidia. Le groupe californien anticipe une perte exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars au premier trimestre de son exercice 2025, directement liée à ces limitations. L’administration américaine exige désormais une autorisation préalable pour vendre certaines puces dédiées à l’intelligence artificielle, notamment les modèles H20, conçus spécifiquement pour le marché chinois.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à limiter l’accès de la Chine aux composants high-tech, considérés comme critiques pour le développement d’applications militaires ou d’infrastructures de calcul intensif. Les puces H20, bien que moins performantes que leurs équivalents américains H100 et H200, représentaient un segment clé pour Nvidia en Chine. L’entreprise doit désormais absorber les coûts liés à ses stocks invendables et à ses engagements contractuels.
L’impact se reflète également en Bourse, où l’action Nvidia a plongé de plus de 5 % en après-clôture à Wall Street. Pourtant, le groupe dominait jusqu’ici le marché des semi-conducteurs pour l’IA, profitant de l’explosion de la demande générée par des outils comme ChatGPT. Son chiffre d’affaires annuel a franchi la barre des 100 milliards de dollars, mais la montée en puissance de concurrents chinois, comme la start-up DeepSeek, inquiète autant les investisseurs que les autorités américaines.
Face à ces défis, Nvidia accélère sa diversification. Le groupe a annoncé la production exclusive de certaines puces sur le sol américain, une première, répondant ainsi aux pressions politiques pour relocaliser les chaînes d’approvisionnement. Des partenaires taïwanais, tels que TSMC, prévoient d’ailleurs d’ouvrir des usines aux États-Unis. La Maison Blanche salue cette initiative, y voyant un renforcement de la souveraineté technologique nationale.
Cependant, l’horizon reste incertain. Les semi-conducteurs, bien qu’épargnés par les dernières hausses de droits de douane, pourraient bientôt être concernés par de nouvelles taxes, selon des déclarations récentes de l’exécutif américain. Pour Nvidia, le dilemme persiste : concilier leadership technologique et contraintes géopolitiques, dans un contexte où Pékin développe activement ses alternatives locales.