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Le Giec entame son nouveau cycle d’évaluation dans un contexte géopolitique tendu

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_**Près de six cents experts climatiques se réunissent cette semaine en France pour lancer la rédaction du prochain rapport de référence, alors que les divisions internationales s’accentuent sur la question environnementale.**_

La France accueille depuis lundi une session de travail cruciale du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Cette assemblée, qui rassemble plusieurs centaines de scientifiques à Saint-Denis, marque le lancement officiel du septième cycle d’évaluation. Les conclusions de ce vaste exercice, attendues pour la fin de la décennie, devraient fournir aux décideurs politiques une synthèse actualisée des connaissances sur les mécanismes et les impacts du réchauffement planétaire.

La tenue de cette réunion intervient à un moment où le consensus international autour de l’action climatique semble se fragiliser. Certaines positions exprimées récemment sur la scène diplomatique, notamment des doutes quant aux fondements scientifiques des changements observés, introduisent une tension nouvelle dans les négociations multilatérales. Cette dynamique contraste avec la volonté affichée par d’autres parties, dont la France, de préserver l’ambition de l’Accord de Paris et d’accélérer la transition énergétique.

Le format de cette session inaugurale est exceptionnel. Pour la première fois, les auteurs principaux chargés de coordonner les différents chapitres du futur rapport se retrouvent physiquement au même endroit. Cette configuration vise à renforcer la cohérence d’un document dont l’élaboration repose sur le principe du consensus entre les délégations nationales. Chaque pays dispose en effet d’un pouvoir de blocage lors de l’approbation finale des conclusions.

Un premier désaccord tangible entre les États membres concerne le calendrier de publication. Une coalition de nations, incluant des pays européens et des États particulièrement vulnérables, milite pour une parution en 2028. Ce délai permettrait d’alimenter le bilan mondial prévu la même année dans le cadre de l’Accord de Paris. D’autres gouvernements, parmi lesquels plusieurs économies émergentes et exportatrices d’énergies fossiles, estiment ce délai trop court et privilégient l’année 2029. Les discussions techniques butent sur cette question depuis plusieurs mois.

L’enjeu scientifique reste, quant à lui, d’une actualité brûlante. Le dernier rapport du Giec, publié au printemps 2023, indiquait que le seuil d’un réchauffement de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle pourrait être franchi dès le début des années 2030. Des études ultérieures ont même évoqué la possibilité d’une atteinte de cette limite avant la fin de la décennie en cours. La nouvelle évaluation devra intégrer ces données récentes tout en maintenant une rigueur et une neutralité exemplaires, condition sine qua non de sa crédibilité auprès des gouvernements.

La réunion de Saint-Denis doit ainsi poser les bases méthodologiques de plusieurs années de travail collectif. Elle se déroule dans un paysage politique où la défiance envers la science climatique gagne parfois du terrain, y compris au sein de certaines institutions. La mission des experts consiste dès lors à produire une analyse robuste et incontestable, capable de résister aux pressions et de guider l’action publique dans un contexte de plus en plus polarisé.

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