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Économie

L’autoroute A63 paralysée par la colère des agriculteurs girondins

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_**Le blocage de cet axe majeur près de Bordeaux, initié dimanche, s’installe dans la durée. Les professionnels, épuisés par des années de crise, affichent une détermination sans faille et un profond scepticisme à l’égard des pouvoirs publics.**_

Un campement s’est solidement établi sur l’autoroute A63, au niveau de l’échangeur de Cestas. Une centaine d’agriculteurs, principalement issus de la Coordination rurale de Gironde, occupent les lieux depuis dimanche soir. Ils ont renforcé leur dispositif, édifiant des barricades avec des bottes de foin et alimentant des braseros pour tenir face aux éléments. Mardi, le mouvement s’est étendu à la chaussée opposée, après le démontage de glissières de sécurité, sous le regard des forces de l’ordre positionnées sur un pont surplombant l’axe. La circulation entre la France et l’Espagne reste fortement perturbée, les poids lourds étant contraints à de longs détours.

La détermination des manifestants semble inébranlable. « Nous allons rester jusqu’à Noël, le jour de l’An, et au-delà », affirme Enola Darmaillacq, éleveuse de 19 ans. Pour elle comme pour beaucoup, cette mobilisation dépasse en intensité les précédentes. Elle évoque un sentiment d’urgence accru après deux années de tensions et de manifestations répétées, face à des difficultés économiques persistantes et à l’apparition de nouvelles menaces sanitaires. L’ombre de la dermatose nodulaire contagieuse, une maladie pouvant conduire à l’abattage des troupeaux, plane désormais sur les exploitations, ajoutant une anxiété palpable à la crise économique.

Le discours est marqué par une défiance profonde envers les autorités. Les promesses gouvernementales sont perçues comme des « paroles en l’air ». Damien Cruzin, employé dans une grande exploitation céréalière du Médoc, est venu par solidarité. Il résume un état d’esprit partagé, « Il faut que ça aboutisse ». La mobilisation dépasse le seul monde de l’élevage, attirant également des viticulteurs, autre secteur en grande souffrance. Olivier Nadal, vigneron en redressement judiciaire, incarne cette convergence des colères. Il affirme être prêt à une résistance prolongée, estimant que la lassitude a cédé la place à une forme de résolution sans illusion.

L’ambiance sur place, où un sapin a été dressé en prévision des fêtes, mêle ainsi une organisation méthodique pour durer et un profond sentiment d’abandon. Le mot « espoir », présent lors des mobilisations passées, semble avoir disparu du vocabulaire des protestataires. Ils disent n’avoir plus « rien à attendre », transformant leur action en un blocage destiné à faire entendre un ras-le-bol devenu existentiel.

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