Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

L’Albanie face à la renaissance de ses massifs forestiers

Article

le

Après des incendies d’une ampleur historique, les autorités albanaises engagent une refonte complète de leur politique de gestion forestière, confrontées à l’urgence écologique et sociale.

La saison estivale a laissé des stigmates profonds sur le territoire albanais, où près de soixante mille hectares de bois et de forêts ont été réduits en cendres. Cette superficie, équivalente à plus de deux pour cent du pays, a succombé sous l’effet conjugué de vagues de chaleur exceptionnelles et d’une sécheresse persistante. Dans la région de Gramsh, au centre du pays, le paysage n’offre plus que des étendues calcinées où persiste une odeur de brûlé, plusieurs semaines après le passage des flammes.

Les conséquences humaines s’avèrent tout aussi dramatiques. Des habitants comme Armand Kisha ont tout perdu, leur habitation, leur atelier et leurs troupeaux disparaissant dans le sinistre. Ce dernier évoque avec émotion la pinède qui bordait son existence, aujourd’hui anéantie. La régénération de ces écosystèmes demandera des décennies, laissant peu d’espoir aux générations actuelles de revoir ces paysages renaître.

Les services de secours mettent en garde contre une aggravation possible de la situation. La disparition du couvert végétal expose les sols à une érosion accélérée et diminue leur capacité d’absorption des eaux pluviales. Le commandant des pompiers de Gramsh, Ilir Llapushi, souligne le risque imminent d’inondations catastrophiques si aucune mesure de reboisement n’est entreprise rapidement.

Cette vulnérabilité environnementale s’inscrit dans un contexte plus large. Un rapport de la Banque mondiale classait déjà l’Albanie parmi les nations européennes les plus exposées aux phénomènes climatiques extrêmes. L’urbanisation non contrôlée, avec des milliers de constructions illégales érigées en zones inondables, complique encore la donne.

La réflexion sur l’avenir des forêts albanaises s’organise désormais à plusieurs niveaux. Des organismes de conservation collaborent avec des experts internationaux pour élaborer des stratégies de reboisement privilégiant la diversité des essences. Le biologiste Melitjan Nezaj précise que l’objectif est de constituer des peuplements plus résistants, combinant des espèces adaptées aux incendies et aux épisodes climatiques violents.

Les municipalités concernées étudient des solutions concrètes, envisageant notamment de mêler des résineux à des feuillus pour éviter la reproduction de situations à haut risque. Car certaines essences, comme les pins, se sont révélées particulièrement inflammables, leurs cônes se transformant en véritables projecteurs de flammes selon le témoignage des riverains.

Le gouvernement a commencé à prendre des dispositions législatives, interdisant toute construction sur les terrains dévastés par les incendies. Un projet de renforcement des sanctions contre les pyromanes est également à l’étude, tandis qu’une stratégie nationale pour la renaissance des forêts a été annoncée par le Premier ministre. Ces initiatives représentent un premier pas face à l’ampleur des défis à surmonter.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus