Politique
« Confiance dans la justice »: l’heure du vote pour un projet de loi chahuté
Une « confiance dans la justice » loin d’être gagnée: l’Assemblée nationale doit adopter mardi le projet de loi Dupond-Moretti et sa palette de mesures, de l’enquête à la détention, dont l’examen a été percuté par l’actualité sécuritaire.
Le scrutin solennel aura lieu en fin d’après-midi sur ce texte en première lecture, accompagné d’un volet organique.
La gauche devrait voter contre ou s’abstenir sur cette réforme vue comme « flattant l’opinion ». Les députés LR, qui pointent la « méthode Coué » de la confiance, doivent encore décider de leur positionnement.
Procès filmés, droits renforcés dès l’enquête préliminaire, secret des avocats élargi et encore fin des réductions de peine automatiques: le projet de loi phare du ministre de la Justice vise à reconquérir les Français, dont un sur deux n’a plus confiance dans l’institution judiciaire selon les sondages.
Mais c’est envers les forces de l’ordre que des signaux ont dû être envoyés au fil des débats la semaine dernière.
Eric Dupond-Moretti a appelé lui-même à ne pas « opposer la justice et la police », alors que des milliers de policiers massés mercredi devant le Palais Bourbon réclamaient une réponse pénale plus ferme, deux semaines après le meurtre du brigadier Eric Masson sur un point de deal.
« Le problème de la police, c’est la justice! », a tonné lors de ce rassemblement le secrétaire général du syndicat Alliance, Fabien Vanhemelryck, ce qui a suscité indignation parmi les magistrats et malaise dans la classe politique.
Les revendications des policiers ont été relayées dans l’hémicycle notamment par Eric Ciotti (LR), qui a plaidé pour des peines planchers.
« Elles n’ont pas marché » sous la droite, lui a rétorqué le ministre, qui a revanche fait ajouter au projet de loi diverses mesures promises par le Premier ministre ou le ministre de l’Intérieur après le drame d’Avignon.
Ainsi ont été votées une peine de sûreté de 30 ans pour les condamnés à perpétuité pour un crime contre un policier ou un gendarme, la fin des rappels à la loi jugés inefficaces, ainsi qu’une limitation des réductions de peine pour les agresseurs de forces de l’ordre.
« laxisme » récusé
Pris dans la roue de la thématique sécuritaire mise au premier plan à l’approche de 2022, M. Dupond-Moretti s’est fait, selon ses mots, tout au long des échanges « l’avocat de la justice, trop facilement coupable aux yeux de certains de tous les maux de notre société ».
Face aux critiques de la droite et du RN, le ministre par ailleurs candidat aux régionales dans les Hauts-de-France a récusé tout « laxisme ».
Et de clamer à plusieurs reprises sa « connaissance charnelle » de cette institution « merveilleusement humaine mais aussi parfois terriblement humaine », acquise au fil de ses 36 années à parcourir les cours d’assises comme avocat.
Une série de dispositions structurantes de son projet de loi sont passées au second plan. Ainsi la limitation de principe à deux ans des enquêtes préliminaires pour accélérer les procédures, accompagnée de leur ouverture au contradictoire, ont été validées à l’unanimité.
Mais seules 3% dépassent cette durée, pointe l’Union syndicale des magistrats, qui oppose un « manque de moyens de police judiciaire » et le temps nécessaire aux enquêtes politico-financières.
Même unanimité des députés en faveur du renforcement du secret de la défense, pour mieux encadrer les perquisitions au domicile ou au cabinet de l’avocat, et les interceptions de communication. Mais le vote d’un amendement LREM permettant la présence d’un avocat lors des perquisitions chez un suspect a fait bondir les syndicats de la police.
Il ne s’agit pas « d’une entrave au travail des policiers », objecte le garde des Sceaux, pas prêt à lâcher du lest.
D’autres articles ont été âprement discutés, en particulier la généralisation des cours criminelles départementales, sans jury populaire, pour désengorger les assises.
De même sur l’enregistrement et la diffusion à la télévision des procès, qui tient à coeur à Eric Dupond-Moretti: droite et gauche redoutent une moindre « sérénité » des débats ou une dérive vers de la « téléréalité ».
La concorde a été de retour pour ajouter au projet de loi la création prochaine d’un « pôle unique national » avec des magistrats spécialisés, afin d’aider à élucider les crimes en série ou non résolus.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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