Monde
Des vies brisées dans l’antre du trafic sexuel albanais
Des femmes venues des Amériques et d’ailleurs découvrent l’amère réalité des réseaux criminels internationaux qui prospèrent en Albanie, promettant travail et argent facile avant de les plonger dans un système d’exploitation impitoyable.
Une Vénézuélienne de trente-huit ans, répondant au pseudonyme de Maria, a foulé le sol albanais en novembre dernier. Interpellée au bout de cinq jours avec d’autres femmes soupçonnées de se livrer à la prostitution, elle a connu plusieurs mois de détention dans un pays où l’essor touristique s’accompagne d’une inquiétante expansion du trafic d’êtres humains. Les autorités albanaises constatent une évolution notable du phénomène. Alors que les Albanaises constituaient traditionnellement les principales victimes, elles doivent désormais faire face à une criminalité transnationale exploitant des femmes originaires d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, acheminées vers l’Albanie pour de brefs séjours ou comme étape vers d’autres destinations européennes.
Une opération internationale menée récemment sous l’égide d’Europol a permis de secourir cinquante-quatre femmes latino-américaines et d’appréhender dix-sept individus, dont le présumé chef de réseau. Cette organisation, principalement colombienne, recrutait des femmes vulnérables qu’elle transportait vers l’Europe avant de les soumettre à l’exploitation sexuelle en Albanie et en Croatie. Les criminels géraient intégralement le processus, du recrutement à la perception des gains, en ayant recours à des violences physiques et psychologiques, ainsi qu’à des menaces visant les proches des victimes restées au pays.
Selon les investigations policières, ces femmes entrent généralement en Albanie munis de visas touristiques ou de travail, parfois accompagnés de documents falsifiés leur permettant ultérieurement de circuler vers d’autres nations européennes. Conscientes de devoir se prostituer, elles succombent aux promesses de gains substantiels. Maria confie avoir été attirée par des amies évoquant des revenus attractifs, sans dissimuler la nature réelle de l’activité, mais en omettant son illégalité locale. Interpellée dans un appartement d’Elbasan où elle recevait des clients avec d’autres femmes, elle a purgé sept mois de détention provisoire.
L’examen de son téléphone a révélé des clichés suggestifs, des applications de rencontre et des messages provenant de numéros internationaux, faisant toujours l’objet d’investigations. Les enquêteurs ont également identifié le contact d’une certaine Carina, présente dans les appareils de deux autres interpellées. Pour Ana, une Colombienne de trente-deux ans, il s’agirait de la recresse responsable de son arrivée en Albanie. Cette dernière gérait un groupe de messagerie intitulé « Chicas » où figuraient tarifs et disponibilités, tout en organisant les rendez-vous et en percevant la moitié des revenus au titre du remboursement des frais de voyage.
Les commissaires spécialisés soulignent que ces criminels, dotés de solides capacités logistiques et financières, séduisent leurs victimes en leur offrant de prétendues perspectives avant de les soumettre à diverses formes de chantage. Les méthodes évoluent vers moins de violence physique apparente, les trafiquants préférant désormais user de coercition psychologique, comme la diffusion de vidéos intimidantes, conscientes que des blessures visibles déprécieraient leur « marchandise » et attireraient l’attention des autorités.
Sous l’emprise de ces menaces, les victimes assument souvent seules la responsabilité de leurs actes lors des interpellations. Les observateurs notent une augmentation significative du nombre de femmes étrangères exploitées sexuellement. Après leur libération, des associations comme Vatra leur offrent un hébergement sécurisé le temps de récupérer leurs documents et d’organiser leur départ.
Ana, mère dominicaine de deux enfants, témoigne avoir accepté cette situation par nécessité économique. Après des difficultés financières en Espagne, elle a succombé aux propositions d’un réseau lui promettant des revenus rapides, ignorant qu’elle devrait céder la moitié de ses gains à ses proxénètes. Elle dénonce l’illusion d’une activité facile, soulignant la double peine de la maltraitance et de l’exploitation financière.
L’Albanie, autrefois repliée sur elle-même, connaît depuis les années 1990 l’émergence de mafias puissantes spécialisées dans le trafic d’êtres humains et de stupéfiants. Aujourd’hui devenue destination touristique prisée, elle voit la prostitution illégale s’y ancrer durablement, phénomène observé dans tous les pays connaissant un afflux touristique massif. Les statistiques officielles font état de multiples enquêtes et interpellations concernant ces réseaux criminels, avec une majorité de femmes étrangères impliquées.
Les autorités déplorent le caractère transnational de ce défi. La cybercriminalité représente un nouveau front, avec des sites hébergés à l’étranger facilitant les transactions discrètes et le blanchiment d’argent. Les réseaux fonctionnent de manière décentralisée, sous forme de cellules mobiles collaborant par-delà les frontières, rendant leur traçabilité complexe. La coopération internationale s’avère donc indispensable pour contrer ces organisations criminelles qui se déplacent rapidement dès qu’une enquête s’engage.
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