Nous rejoindre sur les réseaux

Économie

Solidarité et résistance sur les derniers barrages agricoles

Article

le

Alors que le mouvement de protestation se prolonge, les points de blocage dans le Sud-Ouest adoptent une atmosphère singulière, mêlant détermination et moments de convivialité pour maintenir la mobilisation.

Sur l’autoroute A64, à la hauteur de Carbonne, l’ambiance contraste avec la tension des premiers jours. Des sapins décorés de guirlandes lumineuses côtoient les barnums, créant une scène insolite en cette période de fin d’année. Les arbres de Noël sont ornés, de manière symbolique, d’étuis vides de grenades lacrymogènes, récupérés lors d’affrontements antérieurs. Cette décoration rappelle les événements qui ont enflammé la colère des éleveurs, après l’abattage sanitaire d’un cheptel dans l’Ariège. Pour de nombreux professionnels, ces lieux de rassemblement sont devenus des espaces où exprimer un profond malaise, voire une détresse personnelle.

La détermination des manifestants reste entière. Ils maintiennent leurs principales revendications, à savoir la fin des abattages systématiques de bétail en cas de suspicion de maladie cutanée et le rejet définitif de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Beaucoup affirment leur volonté de rester sur place durant les fêtes, estimant qu’un relâchement serait perçu comme un signe de faiblesse. Cette résolution s’accompagne d’une organisation qui a évolué, intégrant désormais des moments de détente pour soutenir le moral des troupes.

Ainsi, sur le barrage de Cestas, en Gironde, un DJ a récemment animé une soirée, tandis qu’à Carbonne, des représentants religieux ont proposé de célébrer une messe. Un terrain de moto-cross a même été improvisé sur un terre-plein autoroutier. Ces initiatives, qualifiées de bon enfant par les porte-parole, visent à créer une dynamique collective capable de durer dans le temps, sans pour autant verser dans l’excès.

Le mouvement bénéficie également d’un soutien citoyen tangible. Des personnes extérieures au milieu agricole viennent régulièrement prêter main-forte, assurant la logistique des repas ou relayant les agriculteurs pour leur permettre de retourner brièvement dans leurs exploitations. Cette solidarité, palpable sur le terrain comme sur les réseaux sociaux, contribue à renforcer la cohésion du groupe. Des convois de tracteurs viennent périodiquement grossir les rangs des manifestants, témoignant d’une mobilisation qui dépasse le cadre strict des points de blocage.

Pour ces hommes et ces femmes, souvent jeunes, la lutte actuelle apparaît comme la continuité d’un combat entamé plus tôt dans l’année, avec le sentiment que peu de choses ont changé depuis. Le sacrifice des célébrations familiales est envisagé comme le prix à payer pour se faire entendre, dans un esprit de résistance collective qui puise sa force dans l’entraide et le soutien de la population.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus