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Ntoyo pleure ses morts après une attaque meurtrière dans l’est de la RDC

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La communauté du village de Ntoyo, dans l’est de la République démocratique du Congo, a enterré ses défunts mercredi après une offensive attribuée aux Forces démocratiques alliées. Le bilan humain s’élève à plusieurs dizaines de victimes, dans une région minée par l’instabilité chronique.

Les habitants s’apprêtaient à célébrer des obsèques lorsque des assaillants ont surgi de la forêt lundi soir. Parmi eux se trouvaient de très jeunes combattants, selon le témoignage d’un adolescent rescapé. Les agresseurs, dont la langue était incomprise des villageois, portaient des tenues similaires à celles des forces régulières.

Les attaques simultanées menées à Ntoyo et dans un village voisin ont causé la mort d’au moins quatre-vingt-neuf personnes, un lourd tribut même pour une zone habituée aux violences répétées. Les ADF, formation d’origine ougandaise ayant prêté allégeance à l’État islamique, sont connus pour leur extrême brutalité envers les populations civiles.

Un survivant âgé de cinquante-six ans raconte s’être enfui avec sa famille à travers les bananeraies sous une pluie de balles. Dissimulés dans l’obscurité, les habitants ont assisté, impuissants, à l’embrasement de leurs habitations. Certains n’ont découvert qu’après coup qu’ils avaient été touchés par des projectiles.

Mercredi, Ntoyo ressemblait à un village fantôme. La majorité des survivants avaient trouvé refuge dans la localité minière de Manguredjipa. Une dizaine de corps demeuraient étendus à même le sol, recouverts de bâches, tandis que des bénévoles creusaient des tombes dans une terre détrempée. Des cercueils avaient été acheminés à la hâte, attachés sur des motos.

L’amertume est palpable parmi les proches des défunts. Une jeune femme en larmes accuse l’inaction des autorités face aux alertes répétées. Des pick-ups militaires stationnaient non loin des lieux des funérailles, devant un véhicule calciné. Quatre soldats des forces régulières étaient présents lors de l’offensive, mais les renforts postés à sept kilomètres sont arrivés trop tard.

Le déploiement conjoint des armées congolaise et ougandaise depuis 2021 n’a pas suffi à enrayer les exactions des ADF. Quelques jours avant le drame, les forces alliées s’étaient emparées d’un bastion du groupe et avaient libéré plusieurs otages. Mais les combattants se sont dispersés dans la forêt pour frapper ailleurs, selon leur stratégie habituelle.

Cette nouvelle tuerie risque d’accentuer la défiance entre la population et l’armée. Les autorités militaires reconnaissent la difficulté à contenir un ennemi qui fractionne ses troupes en petits groupes mobiles. La région du Nord-Kivu et de l’Ituri compte déjà plus de cent soixante-dix civils tués depuis le mois de juillet.

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