Les mormons, une empreinte singulière dans le paysage culturel américain

De Donny Osmond à Ryan Gosling, en passant par les séries à succès, la communauté mormone nourrit depuis deux siècles l’imaginaire collectif des États-Unis, entre fascination et paradoxes.

L’attrait durable qu’exerce le mormonisme sur la culture populaire américaine trouve une illustration récente dans le succès de l’émission de téléréalité « La vie secrète des épouses mormones », dont la troisième saison débute cette semaine. Ce programme reflète la curiosité persistante des Américains pour ce mouvement religieux minoritaire, né dans l’État de New York en 1830, à une époque où la presse écrite connaissait son essor et lui a servi de relais précoce. Bien que l’Église principale de Jésus-Christ des saints des derniers jours ne rassemble qu’environ deux pour cent de la population, son influence culturelle dépasse largement ce chiffre.

Dès le XIXe siècle, le mormonisme a alimenté la fiction, inspirant par exemple la première aventure de Sherlock Holmes ou un film muet à succès. La place accordée aux arts au sein de la communauté a par ailleurs favorisé l’émergence de talents reconnus, du chanteur Donny Osmond à l’acteur Ryan Gosling. Les Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002 ont marqué un tournant, inaugurant ce que certains observateurs ont qualifié de « moment mormon » dans la sphère médiatique.

Cette visibilité s’est accentuée avec la carrière politique de Mitt Romney, tandis que des fictions comme « Big Love » ou la comédie musicale parodique « The Book of Mormon » ont durablement installé le sujet dans le paysage audiovisuel. Parallèlement, de nombreuses femmes mormones, souvent diplômées et issues de milieux aisés, ont investi les réseaux sociaux, produisant des récits de vie qui participent, selon les experts, à une forme de prosélytisme moderne.

Les participantes de « La vie secrète des épouses mormones », révélées sur TikTok, se présentent comme des figures émancipées, entrepreneures ou mères célibataires, affirmant vouloir moderniser l’image de leur communauté. Leur exposition médiatique, qui contraste avec certains préceptes traditionnels, suscite des interrogations sur la représentation des mormons dans les médias. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, par le passé, a exprimé son regret face à des portraits qu’elle estime souvent sensationnalistes ou inexacts. Face à ce type de productions, l’institution religieuse alterne entre campagnes de communication humoristiques et posture défensive, reflétant la complexité de son rapport à une notoriété parfois ambivalente.