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Économie

Le pari risqué des entreprises sur le bitcoin se solde par un sérieux revers

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La chute vertigineuse de la cryptomonnaie depuis l’automne a mis en péril la stratégie financière de nombreuses sociétés, ébranlant leur valorisation boursière et soulevant des interrogations sur la solidité de leur modèle.

La trajectoire ascendante du bitcoin au début de l’année, culminant à un niveau record en octobre, a incité un nombre croissant d’entreprises à intégrer cette cryptomonnaie à leurs actifs. Cette démarche, présentée comme un moyen de diversification du trésor ou une protection contre l’inflation, a également visé à séduire une certaine catégorie d’investisseurs. Au-delà des acteurs historiques du secteur comme les plateformes d’échange, des sociétés aux activités traditionnelles se sont lancées dans des acquisitions massives, contribuant ainsi à la flambée des cours.

Cette stratégie s’est toutefois révélée particulièrement périlleuse pour certaines structures. En tablant sur une appréciation continue de la valeur du bitcoin, elles ont eu recours à des instruments de dette complexes, tels que les obligations convertibles. Le mécanisme repose sur la possibilité pour le créancier d’être remboursé en actions de l’entreprise emprunteuse. Or, le retournement du marché à l’automne, qui a vu le bitcoin perdre progressivement du terrain pour retomber sous un seuil psychologique en novembre, a sapé la confiance. La baisse conjointe du cours de l’actif numérique et de l’action de ces sociétés a rendu leur modèle moins attractif, incitant les prêteurs à exiger un remboursement en liquidités. La pérennité de ces entreprises s’est alors trouvée suspendue à leur capacité à mobiliser des fonds en numéraire.

Le cas de l’éditeur de logiciels Strategy illustre les tensions générées. Détenant le plus important portefeuille de bitcoins parmi les sociétés cotées, sa valorisation boursière a pourtant été divisée par plus de deux en six mois, tombant même momentanément en deçà de la valeur de ses réserves cryptographiques. La pression provient principalement du poids de sa dette convertible, l’exposant à un risque de remboursement anticipé en cash. Pour apaiser les marchés, la société a procédé à une levée de fonds conséquente. D’autres, comme le spécialiste des semi-conducteurs Sequans, ont choisi de vendre une partie de leurs actifs numériques pour alléger leur endettement.

Cette situation fragile fait planer le spectre d’un effet domino. Si plusieurs entreprises en difficulté devaient céder massivement leurs bitcoins pour se refinancer, une nouvelle pression vendeuse pourrait s’exercer sur les cours, aggravant un cercle vicieux. Les observateurs estiment que le risque de contagion, bien que principalement cantonné à l’écosystème cryptographique, est réel. En parallèle, le secteur reste confronté à des défis structurels, notamment en matière de cadre réglementaire et de sécurité, qui entretiennent une certaine défiance.

Face à cette tourmente, l’avenir semble devoir passer par une évolution des modèles. La simple spéculation sur la hausse du cours apparaît comme une stratégie insuffisante. Les analystes anticipent une nécessaire professionnalisation, avec le développement d’outils de gestion du trésor plus sophistiqués et la monétisation des réserves via des produits financiers adaptés. Une consolidation du paysage est jugée inévitable, même si le principe d’une trésorerie mixte intégrant des actifs numériques devrait perdurer. Certains acteurs, à l’image de la société Metaplanet, maintiennent d’ailleurs leur cap, considérant la volatilité actuelle comme le corollaire d’un potentiel de croissance à long terme. La période de correction est même perçue par d’autres entrepreneurs comme une opportunité d’acquisition à un prix moindre, témoignant de la persistance de convictions fortes au sein de la communauté cryptographique.

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