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Économie

Lafarge face à la justice pour ses activités en Syrie

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_**Le tribunal correctionnel de Paris a mis fin aux débats dans le dossier du cimentier, accusé d’avoir financé des groupes armés pour maintenir une usine en activité. La décision est attendue pour le printemps 2026.**_

L’audience s’est achevée ce jeudi au tribunal correctionnel de Paris. La juridiction a fixé au 13 avril 2026 la date de son jugement concernant la société Lafarge et huit de ses anciens dirigeants. Ils sont poursuivis pour avoir, selon l’accusation, assuré le fonctionnement d’une cimenterie dans le nord de la Syrie entre 2013 et 2014 en rémunérant diverses factions, dont des organisations désignées comme terroristes. Cette stratégie aurait été mise en œuvre alors que le pays était en proie à un conflit armé et que la plupart des autres acteurs économiques internationaux avaient quitté la zone.

Pendant cinq semaines, le groupe, désormais fusionné au sein du suisse Holcim, ainsi que d’anciens cadres, dont l’ex-président-directeur général Bruno Lafont, ont répondu des chefs de financement d’une entreprise terroriste et de violation d’un embargo. Deux intermédiaires syriens figuraient également parmi les prévenus, l’un d’eux n’ayant pas comparu. Les débats ont permis d’entendre les versions souvent contradictoires des protagonistes sur la chaîne de décision et la connaissance des pratiques litigieuses au plus haut niveau de l’entreprise.

En fin de procédure, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe générale. Ils ont contesté la qualification retenue, arguant de la complexité du contexte géopolitique syrien de l’époque et de l’absence, selon eux, d’intention délibérée de soutenir le terrorisme. La défense de l’ancien PDG a notamment insisté sur son manque d’information concernant les modalités opérationnelles sur le terrain.

Ces plaidoiries font suite aux réquisitions du parquet national antiterroriste, qui avait demandé mardi des peines sévères. Les magistrats du ministère public avaient qualifié les faits d’une extrême gravité, réclamant jusqu’à huit ans d’emprisonnement ferme pour les personnes physiques. Ils avaient requis six ans de prison, une amende et une interdiction de gérer à l’encontre de Bruno Lafont, estimant qu’il avait donné des directives pour poursuivre l’activité par pur calcul économique. À l’égard de la société mère, une amende de 1,125 million d’euros et une confiscation de 30 millions d’euros avaient été demandées.

L’affaire, révélée par la presse, a déjà eu des conséquences significatives pour le groupe. Une enquête interne avait été diligentée, servant de base à l’instruction judiciaire. En 2022, Lafarge avait par ailleurs conclu un accord avec la justice américaine, acceptant de verser une amende de 778 millions de dollars. La défense de l’entreprise a fait valoir ces éléments, ainsi qu’un renouvellement complet de sa gouvernance et de ses procédures de conformité, pour démontrer une prise de responsabilité. Le tribunal rendra sa décision dans seize mois.

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