Société
La réforme électorale qui fracture les campagnes françaises
L’obligation de parité et la fin du panachage dans les communes de moins de mille habitants suscitent une vive opposition chez de nombreux élus locaux, qui y voient une menace pour la démocratie de proximité.
Dans les mairies rurales de Seine-et-Marne, une profonde inquiétude s’est installée depuis la validation par le Conseil constitutionnel de la réforme du mode de scrutin. Près de vingt-cinq mille communes françaises, représentant soixante-dix pour cent des collectivités territoriales, sont concernées par ces nouvelles règles qui alignent leur fonctionnement électoral sur celui des villes plus importantes. Le système du panachage, permettant aux électeurs de modifier manuellement les listes, disparaît au profit de listes paritaires strictes où toute altération du bulletin entraîne son invalidité.
Pour Romain Senoble, maire de Forges, cette transformation équivaut à une régression démocratique. L’édile souligne que la possibilité de modifier les listes constituait une expression directe de la volonté populaire. Un sentiment partagé par Laurence Klein, première magistrate de Villemaréchal-Saint-Ange, qui constate l’incompréhension de ses administrés face à ces nouvelles contraintes. Selon une étude récente, plus de la moitié des maires français jugent défavorablement cette réforme, un rejet qui atteint soixante-huit pour cent dans les villages de moins de cinq cents âmes.
La difficulté de constituer des équipes paritaires représente l’obstacle principal. Dans les petites localités, trouver des candidates disposées à s’engager relève souvent du défi, comme en témoigne l’expérience de Laurence Klein, confrontée aux contraintes familiales et professionnelles des femmes approchées. Jean-Luc Auzou, maire de Courcelles-en-Bassée, perçoit dans ces nouvelles exigences une volonté délibérée de complexifier la tâche des élus locaux. Il dénonce une logique technocratique visant selon lui à réduire le nombre de communes.
La perspective des fusions contraintes hante particulièrement les esprits. Le mécanisme prévu par la loi pourrait conduire, en l’absence de listes conformes, à la création de délégations spéciales puis au rattachement pur et simple à une commune voisine. Romain Senoble rappelle l’attachement des citoyens à leur identité communale, soulignant que la mairie reste l’échelon administratif préféré des Français. Pour Jean-Luc Auzou, ces regroupements forcés annonceraient l’avènement d’une « France Amazon », déshumanisée et administrée à distance.
Certains élus adoptent cependant une position plus nuancée. Yves Lagües-Baguet, maire de Champeaux, considère que cette évolution favorise une démocratie davantage tournée vers les projets que vers les personnalités. François Deysson, vice-président de l’association des maires ruraux, estime que les fusions resteront marginales. Son collègue Yannick Guillo avance quant à lui qu’un candidat incapable de constituer une équipe paritaire manquerait de légitimité pour gérer une collectivité.
Cette réforme cristallise ainsi un clivage profond entre partisans de la modernisation institutionnelle et défenseurs d’un modèle démocratique ancré dans la proximité, révélant les tensions entre uniformisation républicaine et spécificités territoriales.
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