La Coordination rurale en pleine bataille pour sa direction

Le syndicat agricole vit des heures décisives à l’occasion de son congrès à Auch, où s’affrontent deux visions antagonistes de l’action syndicale.

L’ambiance est particulièrement tendue au congrès de la Coordination rurale réuni à Auch. Pendant deux jours, les délégués doivent trancher entre deux orientations syndicales opposées pour la présidence du deuxième syndicat agricole français. Cette consultation intervient après les récents succès électoraux de l’organisation, qui ont considérablement élargi son audience.

La présidente sortante, Véronique Le Floc’h, candidate à sa propre succession, défend une approche institutionnelle. L’éleveuse bretonne de 52 ans plaide pour un syndicalisme capable d’intervenir dans les lieux de décision, tant à Paris qu’au niveau européen. Face à elle, Bertrand Venteau, éleveur limousin de 46 ans, incarne une ligne plus radicale, privilégiant l’action directe et la défense des sections départementales.

Les tensions sont palpables dans l’assemblée. Pendant le discours de la présidente sortante, de nombreux adhérents du Sud-Ovest manifestent leur opposition en quittant la salle ou en formant des groupes de discussion. Ces derniers reprochent à la direction actuelle sa proximité avec le pouvoir et son éloignement du terrain.

Le scrutin, qui doit désigner le nouveau président ainsi que le comité directeur, s’annonce particulièrement serré. L’élection repose sur un collège électoral composé des responsables départementaux, chacun disposant d’un nombre de voix proportionnel aux effectifs de sa section. L’issue du vote reste incertaine, d’autant que les rangs du syndicat se sont notablement étoffés depuis la dernière consultation.

Cette rivalité interne reflète les divisions stratégiques qui traversent l’organisation. D’un côté, les partisans d’une normalisation du dialogue avec les institutions, de l’autre, les défenseurs d’un syndicalisme de confrontation, héritier des traditions protestataires du mouvement. Le résultat déterminera l’orientation future de la Coordination rurale, à un moment où sa représentativité s’est significativement renforcée dans le paysage agricole français.