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Iran : l’obsession de la rhinoplastie, un paradoxe sous le voile

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Dans un pays où le code vestimentaire est strict, les Iraniennes investissent massivement dans la chirurgie du nez, transformant leur visage en symbole d’émancipation et de réussite sociale.

En Iran, où les femmes doivent couvrir leurs cheveux et dissimuler leurs formes sous des vêtements amples, le visage devient le seul terrain d’expression. Cette singularité a engendré un phénomène surprenant : une ruée vers la rhinoplastie. Les cliniques spécialisées fleurissent, et les bandages postopératoires se multiplient dans les rues, témoins silencieux d’une quête de perfection esthétique.

Pour beaucoup, modifier son nez – souvent pour effacer la fameuse « bosse persane » au profit d’une silhouette plus fine – représente bien plus qu’un simple ajustement physique. C’est un passeport vers une meilleure carrière, une reconnaissance sociale, voire une forme de résistance discrète. Une jeune mannequin confie ainsi que cette intervention a triplé ses revenus et transformé son statut.

Le Dr Hosnani, chirurgien renommé de Téhéran, réalise jusqu’à vingt rhinoplasties par semaine dans sa clinique ultra-moderne. Il explique que cette pratique, autrefois réservée à une élite aisée, s’est démocratisée. Les techniques se sont affinées, privilégiant désormais des résultats naturels. Pourtant, le coût reste élevé : environ 1 000 dollars, soit dix fois le salaire minimum local. Certaines n’hésitent pas à s’endetter pour franchir le pas.

Derrière cet engouement se cachent aussi des risques. Les autorités alertent régulièrement sur la prolifération de cliniques illégales. En 2023, plusieurs décès ont été rapportés après des interventions bâclées. Malgré ces dangers, la demande ne faiblit pas. Pour Reyhaneh, 28 ans, le jeu en valait la chandelle : « Je voulais simplement être plus belle. »

Entre conformisme et affirmation de soi, la rhinoplastie incarne un paradoxe iranien. Sous le voile, le visage redessiné devient une arme silencieuse dans un pays où le corps féminin reste un champ de bataille politique.

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