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Burundi : le lac Tanganyika engloutit des vies et des espoirs

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Des milliers de familles burundaises subissent l’avancée inexorable des eaux, prisonnières d’une crise climatique et économique sans issue.

Le lac Tanganyika, joyau naturel d’Afrique centrale, est devenu un cauchemar pour les riverains burundais. Depuis 2018, ses eaux ne cessent de monter, submergeant habitations, terres agricoles et infrastructures. À Gatumba, ville frontalière avec la République démocratique du Congo, des quartiers entiers ressemblent désormais à des paysages aquatiques désolés. Les habitants, contraints de circuler en pirogue ou sur des radeaux de fortune, assistent impuissants à la disparition de leur cadre de vie.

Le phénomène, amplifié par le réchauffement climatique, perturbe l’équilibre hydrologique de la région. La rivière Ruzizi, qui devrait normalement se jeter dans le lac, peine à évacuer ses eaux, provoquant des débordements répétés. Les inondations successives ont chassé des milliers de familles, obligées de se replier vers des camps de déplacés souvent précaires. Certaines, comme celle d’Asha, ont tenté de revenir, mais doivent composer avec des maisons inondées et des récoltes perdues.

L’impact socio-économique est dévastateur. Le Burundi, déjà classé parmi les pays les plus pauvres au monde, voit ses vulnérabilités exacerbées. Les écoles et les centres de santé sont submergés, tandis que les cultures noyées aggravent l’insécurité alimentaire. Les enfants, privés d’éducation, errent dans des rues transformées en canaux, exposés aux maladies hydriques comme le choléra.

Les solutions locales, comme les digues artisanales, restent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène. Les experts estiment qu’il faudra au moins une décennie pour que le niveau du lac se stabilise, à condition que des infrastructures adaptées soient construites. En attendant, les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme : les fonds manquent pour répondre à l’urgence, alors que les besoins ne cessent de croître.

Pour des familles comme celle d’Ariella, déplacée à trois reprises, l’avenir est incertain. Entre les risques sanitaires, la précarité et la peur des animaux sauvages attirés par les eaux stagnantes, beaucoup renoncent à retourner chez eux. Le lac Tanganyika, autrefois source de vie, symbolise désormais une tragédie silencieuse, où chaque crue emporte un peu plus l’espoir d’un retour à la normale.

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