Aux États-Unis, les employés fédéraux victimes des coupes budgétaires orchestrées par l’administration Trump trouvent refuge sur les plateformes numériques. Ces espaces virtuels deviennent des lieux d’entraide et de résistance face à une vague de licenciements sans précédent.
Dans un contexte de réduction drastique des effectifs fédéraux, les réseaux sociaux comme Reddit, Instagram et TikTok se transforment en véritables sanctuaires pour les fonctionnaires démis de leurs fonctions. Sur Reddit, la communauté « fednews », forte de plus de 550.000 membres, s’impose comme l’un des forums les plus actifs. Les utilisateurs, protégés par l’anonymat, y échangent des conseils juridiques, des témoignages et des stratégies pour faire face à cette crise. Les messages de détresse y sont légion, reflétant l’angoisse et l’incertitude qui règnent parmi ces travailleurs.
Un employé fédéral, souhaitant garder l’anonymat, confie à l’AFP que ces espaces en ligne ont été une bouée de sauvetage. « Les informations partagées sur fednews étaient plus fiables que celles de mes supérieurs. Cela m’a permis de réaliser que je n’étais pas seul dans cette situation », explique-t-il. Pour beaucoup, ces plateformes représentent un soutien psychologique essentiel, offrant un sentiment de solidarité dans une période particulièrement sombre.
Sur Instagram, Helen, une employée fédérale, anime le compte « Feds work for you », suivi par plus de 16.000 personnes. Elle y relaie des articles, des appels à manifester et des récits de licenciements. « Trump et Musk monopolisent l’espace médiatique. Qui va défendre les fonctionnaires, invisibles aux yeux du public ? », s’interroge-t-elle. Elle déplore cependant le manque de moyens pour lancer une campagne de communication à grande échelle, capable de sensibiliser l’opinion publique au rôle crucial de ces travailleurs.
John, un fonctionnaire expérimenté, a quant à lui opté pour un podcast sur YouTube. Son objectif ? Humaniser les employés fédéraux et contrer la diabolisation dont ils font l’objet. « Les gens doivent comprendre que nous sommes des individus qui œuvrons pour le bien public », insiste-t-il. Comme beaucoup, il craint les représailles et préfère rester anonyme, tout en trouvant dans ces espaces en ligne un réconfort et une source d’information précieuse.
Les réseaux sociaux sont également devenus un terrain d’expression créative pour les fonctionnaires licenciés. Une chanson intitulée « Hostile government takeover », initialement postée sur TikTok, a connu un succès retentissant, jusqu’à être reprise par le célèbre DJ Moby. Parallèlement, l’émoji cuillère est devenu un symbole de protestation, en référence à un courriel de la commission dirigée par Elon Musk, surnommée « Doge », qui proposait aux employés de choisir entre un départ volontaire ou un licenciement ultérieur.
Enfin, des initiatives comme celle de Kevin, qui vend des affiches de soutien sur Bluesky, illustrent la mobilisation croissante en faveur des fonctionnaires. Les fonds récoltés sont reversés aux syndicats, dans l’espoir de renforcer leur action. « Le soutien du public est crucial », souligne-t-il, tout en affichant fièrement une pancarte « Support federal workers » chez lui.
Face à une administration déterminée à réduire les effectifs, les réseaux sociaux offrent aux fonctionnaires américains une tribune pour se faire entendre, s’entraider et résister. Ces espaces virtuels, bien que fragiles, deviennent des bastions de résistance dans une bataille pour la reconnaissance et la justice.