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Au Salvador, l’ombre des gangs plane toujours sur les quartiers libérés

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Malgré les opérations musclées du gouvernement, la peur persiste dans les anciens bastions criminels, où les habitants vivent dans la crainte d’un retour des violences.

Dans le quartier du 10 de Octubre, près de San Salvador, les traces du passé criminel restent gravées dans les mémoires. Ce secteur, autrefois sous la coupe du redoutable gang MS-13, a connu une transformation radicale depuis le lancement de la politique sécuritaire du président Nayib Bukele. Pourtant, malgré les fresques colorées qui ont remplacé les graffitis des maras et la présence militaire accrue, les habitants gardent les yeux ouverts.

Esperanza Martinez, une résidente de 65 ans, en sait quelque chose. Elle a perdu trois proches sous les balles des gangs et a vu des corps abandonnés dans les rues. Aujourd’hui, elle respire un peu mieux, mais elle sait que certains membres des bandes criminelles se terrent encore dans l’ombre. Les souvenirs des nuits passées cloîtrée chez elle, des menaces et des extorsions hantent toujours son quotidien.

Autrefois, ce quartier était un no man’s land où les étrangers risquaient leur vie. Aujourd’hui, les commerces ont rouvert, les enfants jouent dans les rues, et les forces de sécurité patrouillent. Mais derrière cette apparente normalité, la méfiance demeure. Carlos Sanchez, qui travaille comme laveur de bus, le confirme : « La paix est fragile, et certains éléments douteux rodent encore. »

Le gouvernement salvadorien vante ses succès, avec près de 87 000 arrestations et une chute spectaculaire des homicides. Pourtant, les critiques internationales pointent les dérives autoritaires, les arrestations arbitraires et les conditions carcérales inhumaines. Dans le 10 de Octubre, personne n’ose en parler ouvertement. La peur de représailles, même latente, impose le silence.

Antonia Alfaro, une habitante de 67 ans, se souvient des menaces qui pesaient sur sa famille. « Ils voulaient nous chasser de chez nous », murmure-t-elle. Comme beaucoup, elle n’a nulle part où aller et vit avec l’espoir que la trêve actuelle dure. Les gangs ont peut-être perdu du terrain, mais leur héritage de violence laisse des cicatrices profondes. Dans ces rues désormais calmes, personne n’ose vraiment croire que le danger a disparu pour de bon.

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