Économie
France : l’inflation bondit à 4,5% en mars, au plus haut depuis les années 1980
Elle tutoie les sommets français mais reste loin des cimes européennes ou américaines: l’inflation a bondi en mars de 4,5% sur un an en France, tirée par l’énergie et l’alimentation mais amortie par les mesures d’aide du gouvernement.
L’indice des prix à la consommation n’avait plus atteint un tel niveau dans l’Hexagone depuis le mois de décembre 1985 (4,7% sur un an), a indiqué l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) jeudi.
« C’était attendu mais la hausse a été encore plus importante que prévue », relève Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. En février, l’indicateur s’était établi à 3,6%, déjà un record depuis 2008.
Quant à l’indice harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, il s’est également envolé, à 5,1% par rapport à mars 2021, a détaillé l’Insee dans sa première estimation de l’inflation au mois de mars 2022.
Comme les mois précédents, le bond brutal des prix de l’énergie (+28,9% sur un an) explique l’essentiel de la hausse des prix, alors que la guerre en Ukraine a fait flamber le cours des hydrocarbures.
Mais l’alimentation, et plus spécifiquement les produits frais (+7,2%), ont également nourri le mouvement.
Le coût des services progresse beaucoup plus modestement, à 2,3% sur un an, tandis que celui du tabac freine légèrement (-0,1%).
Mesures agressives
Malgré une inflation supérieure à 2% sur un an chaque mois depuis septembre 2021, la France reste mieux lotie que ses voisins de taille comparable.
L’Espagne a annoncé mercredi une inflation de 9,8% sur un an en mars, là aussi un sommet plus atteint depuis 1985.
L’Allemagne a elle enregistré une progression des prix de 7,3% entre mars 2021 et mars 2022. L’inflation n’avait plus été aussi dynamique depuis novembre 1981, dans l’ex-Allemagne de l’Ouest.
« Ca fait plusieurs mois que l’inflation française est inférieure à l’inflation allemande et espagnole, c’est dû en partie au bouclier tarifaire », explique à l’AFP Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas.
Les mesures mises en place par le gouvernement pour limiter la hausse des prix de l’énergie, plus « agressives » que dans d’autres pays européens, sont « la raison principale » de cette exception française, confirme Charlotte de Montpellier.
« L’Insee estime que, en février, ces mesures ont permis à l’inflation d’être 1,5 point de pourcent plus faible que ce qu’elle n’aurait été sans celles-ci. L’effet est probablement similaire pour le mois de mars et pour les suivants », poursuit-elle.
Et « comme l’énergie va rester le principal moteur de l’inflation, l’exception française va demeurer », anticipe l’économiste.
Pic
Le marché du travail français est par ailleurs moins tendu que celui de l’Allemagne ou des États-Unis, où les difficultés de recrutement ont engendré de fortes hausses de salaires, qui ont à leur tour pu générer une inflation dynamique – 7,9% sur un an en février aux États-Unis, au plus haut depuis 1982.
En France, pour tenir compte de cette forte inflation, le salaire minimum, le SMIC, va mécaniquement augmenter le 1er mai entre 2,4% et 2,6%, selon une estimation du ministère du Travail contacté jeudi.
En dépit de ces niveaux d’inflation exceptionnellement élevés, le mouvement pourrait toutefois se rapprocher de son pic.
L’Insee anticipait mi-mars, dans sa note de conjoncture mensuelle, une inflation stabilisée autour de 4,5% au deuxième trimestre 2022.
« La barre des 5% pour l’indicateur national d’inflation pourrait être dépassée au deuxième trimestre », estime ING, qui s’attend ensuite à une baisse rapide des prix à la consommation.
Avec la perte de pouvoir d’achat provoquée par l’inflation, et un moral des ménages en berne, « la demande va perdre de son dynamisme, ce qui va impacter le pouvoir de fixation de prix plus élevés par les entreprises », anticipe la banque.
L’économiste en chef de la Banque centrale européenne Philip Lane s’est lui aussi montré rassurant jeudi, soulignant que la BCE anticipait une inflation stabilisée autour de 2% à moyen terme en zone euro.
Des estimations qui pourraient se préciser après la publication des chiffres définitifs de l’Insee pour le mois de mars, prévue mi-avril. Dès vendredi, une première estimation de l’inflation en mars dans la zone euro doit être publiée.
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Économie
Gaz américain et européen au plus haut depuis un an, pour des raisons différentes
Le prix du gaz naturel a atteint un sommet inédit depuis un an, avec des causes distinctes selon les continents.
Le marché du gaz naturel a connu une flambée spectaculaire, atteignant des sommets jamais vus depuis plus d’un an, tant en Europe qu’aux États-Unis. En Amérique du Nord, les fluctuations météorologiques ont été le moteur principal de cette hausse, tandis qu’en Europe, les tensions géopolitiques ont été le catalyseur.
Aux États-Unis, les prévisions météorologiques ont joué un rôle crucial dans l’envolée des prix. Selon Masanori Odaka de Rystad Energy, les prévisions de températures inférieures aux normales saisonnières dans l’Ouest des États-Unis pour la première semaine de décembre ont stimulé la demande de gaz naturel. Eli Rubin d’EBW Analytics Group a noté que cette situation marque un tournant après un automne particulièrement doux qui avait jusqu’alors maintenu la consommation à un niveau bas. La perspective d’un hiver rigoureux a incité les spéculateurs à se couvrir, entraînant une hausse des prix qui a dépassé plusieurs seuils techniques. Cependant, la production pourrait augmenter en réponse à ces prix plus attractifs, ce qui pourrait stabiliser ou même faire baisser les cours si les conditions météorologiques redeviennent clémentes.
En Europe, le contexte est différent mais tout aussi préoccupant. Le TTF néerlandais, référence pour le marché européen, a vu ses prix grimper en raison de l’arrivée de l’hiver, mais surtout à cause des tensions géopolitiques. Gazprom, le géant gazier russe, a interrompu ses livraisons à l’Autriche, exacerbant les inquiétudes sur l’approvisionnement. De plus, un regain de tension militaire entre la Russie et l’Occident, illustré par l’utilisation de missiles balistiques, a contribué à cette hausse des prix. Ces événements rappellent la fragilité des marchés énergétiques face aux aléas géopolitiques.
Sur le marché du pétrole, les prix du Brent et du WTI ont également augmenté, reflétant une certaine solidarité avec le gaz naturel, bien que les dynamiques de marché soient distinctes. Le Brent a terminé à 74,23 dollars le baril, tandis que le WTI a atteint 70,10 dollars, soulignant une tendance haussière générale dans le secteur énergétique.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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