Des activistes ont transformé l’espace commémoratif en un théâtre de protestation, dénonçant avec force l’offensive russe en Ukraine.
Allongés au pied de l’obélisque du cimetière militaire soviétique, des manifestants ont recréé une scène de carnage, leurs corps recouverts de draps tachés de rouge. Cette performance silencieuse et frappante visait à interpeller l’ambassadeur russe en Pologne, venu déposer une gerbe en hommage aux soldats tombés durant la Seconde Guerre mondiale. Alors que Moscou célébrait le 9 mai, date symbole de la victoire contre le nazisme, les protestataires y ont opposé une condamnation sans équivoque de l’invasion en cours.
Sous les cris de « Terroristes », le diplomate a traversé cette allée morbide, impassible, sous la surveillance de forces de l’ordre. Les organisateurs ont expliqué vouloir rappeler les victimes ukrainiennes, jonchant délibérément le parcours de jouets ensanglantés – ours en peluche et ballons – évoquant les enfants tués sous les bombes. Certains arboraient des slogans provocateurs, comme « Make Russia small again », tandis que d’autres collectaient des signatures pour exiger l’expulsion de l’ambassadeur.
Une contre-manifestation, minuscule, s’est tenue à proximité. Porteurs du ruban de Saint-Georges, emblème des armées russes, quelques individus ont échangé des invectives avec les pro-Ukrainiens, sans dégénérer. Parmi eux, une femme âgée brandissait une photo jaunie de son père, vétéran soviétique, insistant sur le devoir de mémoire.
Ce lieu est devenu un point de friction récurrent. Les années précédentes, des activistes y avaient aspergé le représentant russe de faux sang ou bloqué son accès au monument. Pour les organisateurs, il s’agit de détourner le récit patriotique russe, en rappelant que le pays commet aujourd’hui les atrocités qu’il prétend avoir combattues. « La Russie est un État terroriste », a martelé une responsable associative, dénonçant une commémoration instrumentalisée pour justifier la guerre.