Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

Un ex-guérillero aux commandes de la diplomatie colombienne en Chine

Article

le

Son parcours hors normes, des Gardes rouges au cinéma, symbolise le rééquilibrage géopolitique de Bogota vers Pékin.

Sergio Cabrera incarne une trajectoire peu commune. Cet ancien réalisateur, aujourd’hui ambassadeur de Colombie en Chine, a vécu plusieurs vies : enfant expatrié dans le Pékin des années 1960, Garde rouge pendant la Révolution culturelle, guérillero en Amérique latine avant de devenir cinéaste engagé. Son retour dans la capitale chinoise, métamorphosée par des décennies de croissance fulgurante, lui inspire une réflexion sur les mutations profondes de la Chine et les nouveaux enjeux diplomatiques.

Arrivé adolescent dans un pays marqué par la pauvreté et l’uniformité idéologique, il découvre aujourd’hui une mégalopole ultramoderne, symbole de la puissance économique chinoise. « Pékin n’avait rien à voir avec ce qu’elle est devenue. Les rues étaient vides, les gens vivaient avec des tickets de rationnement », se souvient-il. Après des années de lutte armée en Colombie, puis une carrière cinématographique où il a exploré les thèmes sociaux, il endosse désormais un rôle clé dans le rapprochement entre son pays et la Chine.

Nommé par le président Gustavo Petro, il défend une politique étrangère plus indépendante de Washington, illustrée par l’adhésion de la Colombie aux Nouvelles routes de la soie. Cette initiative, perçue comme une provocation par l’administration américaine, ouvre cependant des perspectives commerciales prometteuses, notamment pour les exportations agricoles colombiennes. Malgré les réticences des milieux d’affaires, habitués à la prédominance des États-Unis, Cabrera plaide pour une diversification des partenariats économiques.

Son mandat s’inscrit dans un contexte de tensions sino-américaines, où chaque rapprochement avec Pékin est scruté avec méfiance. « La souveraineté ne se négocie pas », affirme-t-il, tout en reconnaissant les défis posés par cette nouvelle orientation. Si un accord de libre-échange avec la Chine reste hors de portée pour l’instant, l’ambassadeur mise sur les investissements dans les infrastructures et les énergies vertes pour consolider cette alliance stratégique. Son histoire personnelle, entre révolte et diplomatie, reflète les contradictions d’un monde en pleine recomposition.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus