Europe
Ukraine : Christophe Euzet « La situation en Ukraine est extrêmement compliquée, inquiétante et délicate »
Alors que la guerre en Ukraine est au cœur de l’actualité depuis une semaine, elle suscite beaucoup de réactions. Voici celle de Christophe Euzet, député de la 7ème circonscription de l’Hérault. Son opinion est partagée par la CFDT et les conseillers départementaux Véronique Calueba et Gabriel Blasco.
Depuis le 24 février dernier, l’armée de Vladimir Poutine foule le sol Ukrainien. Près de 800 000 civils ont fui le pays, tandis que les hommes ukrainiens allient leurs forces pour résister. Cette situation inédite déstabilise la scène internationale, qui est désemparée.
Pour Christophe Euzet, « On vit des heures d’une gravité sans précédent. C’est la première fois, en 75 ans, qu’un État souverain en envahit un autre en Europe. Sans parler du fait qu’il l’attaque et le bombarde sans mobile réel. La tension n’avait pas été aussi forte depuis la crise de Cuba en 1962. Il faut que les Français comprennent que ce n’est pas une péripétie de la campagne électorale, ni une émission de plus sur BFM. L’Ukraine possède une frontière commune avec l’Union européenne. Ça nous interpelle en tant qu’européens, évidemment. Ça nous invite probablement à réfléchir sur ce qu’on est et sur l’avenir qu’on va avoir. Dans l’immédiat, ça nous met dans une situation extrêmement compliquée, inquiétante et délicate. »
« En Russie, le bilan un politique et personnel de Vladimir Poutine est mauvais », affirme Christophe Euzet. Effectivement, alors qu’il est au pouvoir depuis plus de 20 ans, Poutine n’a pas intégré la Russie à la mondialisation. « Son pays sort de la pandémie avec 800 000 morts, poursuit Christophe Euzet. Cette dernière n’a d’ailleurs rien arrangé : Poutine ne sort plus de son palais présidentiel depuis 2 ans et ne prend pas de recul. Au niveau de la richesse, voici une comparaison. Les Espagnols sont 45 millions, les Russes 3 fois plus nombreux. Pourtant, le PIB produit par la Russie est équivalent à celui de l’Espagne. »
Une solidarité mondiale
« Le plus aberrant, c’est qu’on est face à un chef d’État dont la perception du monde réel est erronée, s’indigne le député. Il pensait qu’il allait annexer l’Ukraine comme la Hongrie en 1956, que la société internationale tournerait les talons et que les Ukrainiens ne se défendraient pas. Cependant, en voyant la situation s’enrayer, il a placé son appareil militaire de défense nucléaire en alerte. L’Europe sent la menace à ses portes. Par conséquent, elle se mobilise. Désormais, Poutine est dans l’impasse. »
Il a perpétré des assauts militaires qui avaient éveillé la méfiance de la communauté internationale. Son intervention en Géorgie en 2008, sa prise de la Transnistrie qui en a découlé, sa prise de la Crimée (région ukrainienne russophone) en 2014, etc. Depuis 2015, il tentait d’investir deux provinces russophones d’Ukraine. « Il voyait d’un mauvais œil le fait que l’Ukraine se tourne vers l’Europe, on le savait. Mais on ne pensait pas que la situation dégénèrerait de la sorte », regrette Christophe Euzet.
« Aucun bon scénario ne se dessine à l’horizon »
« Il est possible que dans les jours qui viennent, la Russie finisse par s’emparer de l’Ukraine. Bien que les Ukrainiens se battent avec acharnement, la Russie dispose d’une grosse armée et de la maîtrise du ciel. Et si l’Ukraine tombe, que se passera-t-il ? », questionne le député héraultais.
« Le peuple ukrainien est mobilisé intégralement contre Poutine. La première issue serait une guérilla en Ukraine. La deuxième issue implique un enlisement des combats et une défaite de la Russie. Défaite que Vladimir Poutine ne voudra sûrement pas admettre, ce qui aurait des conséquences dévastatrices. N’oublions pas qu’il est détenteur du premier armement nucléaire mondial et de la deuxième puissance armée. Il est impératif qu’il puisse sortir de ce conflit de la tête haute. En effet, s’il se sent humilié, il pourrait finir par bombarder l’Ukraine. Ça risque aussi de se détériorer avec l’extérieur », déplore le député.
« En résumé, aucun bon scénario ne se dessine à l’horizon, se lamente le député. On peut espérer une cessation des activités militaires, mais Poutine ne semble pas du tout disposé à le faire. Il martèle sa volonté de maintenir les opérations militaires jusqu’à ce que tout le plan soit exécuté. On ne va pas le regarder démolir l’Ukraine. Sinon, la prochaine fois il finira d’envahir la Géorgie, la Moldavie, et pourquoi pas les États Baltes, qui font partie de l’UE et le gênent ? Ainsi, il obtiendrait bouclier de protection. D’un autre côté, il est hors de question, pour le moment, qu’on intervienne en Ukraine. Ce n’est pas un pays de l’OTAN, ni de l’UE. Toute intervention engagerait une guerre contre la Russie. »
La structuration de l’Union Européenne en cours
Malgré la gravité de la situation, il est possible de relativiser. Le député détaille : « À quelque chose malheur est bon. Ce regrettable conflit semble souder l’UE, qui a pris conscience du danger. L’UE est tout de même la première puissance commerciale mondiale, la deuxième puissance spatiale et la deuxième monnaie mondiale. Cette Europe est en train de se structurer à la faveur de cet évènement. C’est la première fois qu’on prend une position commune sur un problème de telle ampleur. Première fois qu’on envoie conjointement et officiellement de l’aide militaire officiellement. Première fois également qu’on parle avec autant de sérieux et de détermination de la défense commune, de trouver l’indépendance énergétique et de retrouver l’indépendance industrielle et alimentaire. »
« Il faut espérer que les sanctions économiques fassent effet, explique Christhophe Euzet. Les sanctions prises contre les dignitaires du régime peuvent aussi se révéler efficaces. Les oligarques russes n’ont pas forcément envie d’avoir le monde à dos, ni d’être privés de leur richesse et privilèges. Il est donc possible que certains d’entre eux se retournent contre Poutine et lui fassent entendre raison. Vladimir Poutine reste toutefois très esseulé et protégé, presque hors d’atteinte. De plus, il ne peut pas perdre la face. Il faut qu’il y trouve quelque chose. Par exemple qu’il réussisse à geler le rapprochement entre l’Ukraine et l’Europe pour le restant de ses jours. Cependant, ça semble compliqué puisque l’Ukraine maintient fermement sa volonté d’adhérer à l’UE. »
« On peut envisager que l’opinion publique russe fasse changer les choses. Les Russes considèrent les Ukrainiens comme leurs voisins, pas comme leurs ennemis héréditaires : ils ont une même appartenance culturelle. Espérons que nous passerons à côté d’une généralisation du conflit. J’ai encore espoir que la diplomatie résolve cette guerre : la voie des armes n’est pas une solution durable », conclut le député.
La CFDT Sète et les conseillers départementaux partagent la même opinion
La CFDT Sète souhaite, « tout mettre en œuvre pour arrêter la guerre ». Elle en appelle aux gouvernements européens, en leur demandant d’offrir l’asile aux réfugiés ukrainiens. Enfin, elle soutient tous ceux qui plaident « pour une solution politique et diplomatique afin d’éviter le conflit » et souligne le courage des manifestants russes qui bravent l’interdiction des autorités et se rassemblent pour dénoncer la guerre.
Quant à Véronique Calueba et Gabriel Blasco, ils se rallient, eux aussi à la cause de l’Ukraine. Ils écrivent : « Déclencher une guerre au mépris absolu des instances multilatérales et du droit international met en péril la sécurité de l’Europe, de l’Ukraine et de la Russie. C’est une grave décision dont les conséquences peuvent être incontrôlables. Il est nécessaire de porter fermement l’offre d’une conférence européenne de coopération et de sécurité collective incluant la Russie, pour parvenir à un règlement politique du conflit sur la base du contenu des Accords de Minsk et des principes de sécurité collective. Nous appelons à mettre en œuvre toutes les initiatives pour la paix ! »
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Europe
Julian Assange plaide pour la liberté d’informer lors d’une audition au Conseil de l’Europe
Dans sa première apparition publique depuis sa libération, Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a appelé à la défense de la liberté d’informer. Se décrivant comme victime d’une persécution par les États-Unis, il a insisté sur l’importance de continuer à lutter pour la vérité.
Mardi, Julian Assange, qui a passé plus d’une décennie cloîtré entre l’ambassade d’Équateur à Londres et la prison de Belmarsh, est intervenu devant une commission du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Cette audition, consacrée à l’impact de sa détention et de sa condamnation sur les droits de l’homme, marque sa première déclaration publique depuis sa sortie de prison en juin dernier. Arrivé tôt dans la matinée, il a été accueilli par des applaudissements à son entrée dans l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), levant le poing en signe de détermination.
Durant son discours, Assange a exprimé ses regrets quant à l’évolution des conditions de transparence et de liberté d’expression. « Dire la vérité est de plus en plus stigmatisé, attaqué et affaibli », a-t-il affirmé. Il a également insisté sur le fait que sa libération n’était pas le résultat d’un système judiciaire juste, mais d’un plaidoyer en faveur du journalisme.
Condamné pour avoir publié des documents classifiés révélant les opérations militaires et diplomatiques américaines, Assange avait, en juin dernier, conclu un accord de plaider-coupable avec la justice américaine. Cet accord lui a permis de purger une peine déjà effectuée en détention provisoire et d’éviter une longue incarcération aux États-Unis. De retour en Australie depuis sa libération, il a toutefois réitéré devant le Conseil de l’Europe que son emprisonnement résultait de persécutions politiques, en lien avec son travail pour WikiLeaks.
Assange a rappelé les débuts de WikiLeaks en 2010, lorsque le site avait publié des centaines de milliers de documents sensibles, révélant des abus, des exécutions extrajudiciaires et des opérations de collecte de renseignements. Si ces révélations lui ont valu le soutien des défenseurs de la liberté de la presse, elles lui ont aussi attiré les foudres des autorités américaines, qui l’accusent d’avoir mis des vies en danger.
Dans un appel poignant, il a exhorté les institutions comme l’APCE à faire en sorte que des situations similaires ne se reproduisent pas, appelant à la défense de la liberté d’expression et à la poursuite de la quête de vérité. Il a également mis en garde contre l’influence d’une minorité d’individus cherchant à faire taire les voix critiques.
Alors que l’APCE doit débattre de son cas sur la base d’un rapport le qualifiant de « prisonnier politique », le plaidoyer de Julian Assange pourrait avoir un impact sur sa demande de grâce présidentielle auprès de Joe Biden.
Europe
Julian Assange attendu à Strasbourg pour témoigner devant le Conseil de l’Europe
Le fondateur de WikiLeaks va s’exprimer pour la première fois depuis sa libération, un moment clé pour la liberté d’informer et les droits de l’homme.
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, s’adressera pour la première fois depuis sa libération en juin dernier au Conseil de l’Europe à Strasbourg. Ce témoignage marque une étape importante dans son long combat pour la liberté d’expression et la défense des droits de l’homme, alors que l’Assemblée parlementaire débattra d’un rapport crucial sur son affaire.
Assange sera présent pour répondre aux questions de la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme concernant les répercussions de sa détention, tant sur sa propre situation que sur les droits humains à une échelle plus large, notamment en ce qui concerne la liberté journalistique. Ce témoignage intervient à la suite d’un rapport de l’Assemblée parlementaire qui qualifie Assange de « prisonnier politique » et appelle le Royaume-Uni à mener une enquête indépendante sur les conditions de sa détention, notamment sur des possibles traitements inhumains.
Arrêté en 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade d’Équateur à Londres, Assange a passé cinq ans dans la prison de Belmarsh à Londres, où il a lutté contre son extradition vers les États-Unis. Son incarcération faisait suite à la diffusion par WikiLeaks de centaines de milliers de documents confidentiels en 2010, révélant des opérations militaires et diplomatiques américaines en Irak et en Afghanistan. Accusé d’espionnage par les États-Unis, il a finalement été libéré après un accord de plaider-coupable, ayant purgé une peine correspondant à sa détention provisoire.
Le témoignage de Julian Assange devant le Conseil de l’Europe marquera son premier discours public depuis sa libération. L’audience s’annonce décisive pour clarifier les enjeux entourant sa détention et l’impact plus large sur la liberté d’informer, un sujet au cœur des débats actuels sur la protection des lanceurs d’alerte et la transparence gouvernementale.
Europe
L’Italie envisage la castration chimique pour violeurs et pédophiles
L’Italie fait un pas vers la légalisation de la castration chimique, avec l’approbation d’une commission dédiée à la rédaction de lois sur le traitement des délinquants sexuels violents.
L’Italie a franchi une étape importante vers la légalisation de la castration chimique, un traitement médical controversé destiné aux violeurs et pédophiles condamnés. Mercredi, la chambre basse du Parlement a approuvé la création d’une commission chargée d’élaborer des lois sur l’utilisation de médicaments bloquant les hormones pour réduire la libido des délinquants sexuels. Ce traitement, qui serait volontaire et réversible, vise à prévenir les récidives dans les cas de crimes sexuels violents.
Le gouvernement de la Première ministre Giorgia Meloni, au pouvoir depuis 2022, a fait de la sécurité une priorité, multipliant les lois répressives et augmentant les peines pour divers délits. L’initiative de la castration chimique, portée par la Ligue, un des partis d’extrême droite de la coalition, s’inscrit dans cette logique. Matteo Salvini, chef de la Ligue, a salué ce qu’il considère comme une « victoire » dans leur combat pour une justice plus ferme à l’égard des violeurs et pédophiles, qualifiant cette avancée de mesure de « bon sens ».
Cependant, cette proposition suscite une vive opposition. Des membres du Parti démocrate (centre-gauche) ont dénoncé une initiative qu’ils jugent inconstitutionnelle, arguant qu’elle réintroduit une forme de punition corporelle que le système juridique italien avait abandonnée depuis longtemps. Des groupes écologistes et de gauche ont également critiqué la Ligue pour son penchant, selon eux, vers la répression excessive, tandis que des voix centristes craignent une dérive vers des méthodes punitives archaïques.
La castration chimique, déjà pratiquée dans certains pays comme la Pologne, la Russie et certains États américains, consiste à administrer des substances qui inhibent la production de testostérone, réduisant ainsi la libido des individus. Bien que soutenue par des partisans de la fermeté en matière de justice, cette méthode soulève des doutes quant à son efficacité réelle pour prévenir les récidives. Des experts alertent également sur les effets secondaires physiques et psychologiques possibles, tandis que des groupes féministes rappellent que les violences sexuelles trouvent souvent leur origine dans des dynamiques socioculturelles plutôt que dans des pulsions sexuelles incontrôlables.
Malgré les divisions au sein de la classe politique italienne, cette décision marque un tournant dans la gestion des crimes sexuels violents en Italie. Reste à voir si ce projet controversé aboutira à une législation qui pourrait, selon certains, radicalement changer l’approche de la justice italienne en matière de délinquance sexuelle.
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