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Turquie : le bras de fer politique s’intensifie autour du projet controversé du canal d’Istanbul

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La mairie d’Istanbul, dirigée par l’opposition, subit une nouvelle vague d’arrestations, tandis que le projet de canal pharaonique du président Erdogan alimente les tensions.

Une nouvelle opération judiciaire a visé samedi plusieurs proches du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, déjà incarcéré depuis mars pour des accusations de corruption. Cinquante-trois mandats d’arrêt ont été émis, dont quarante-sept ont abouti à des interpellations. Parmi les personnes arrêtées figurent des collaborateurs municipaux et des membres de l’entourage du maire, selon les informations disponibles.

Les partisans d’Imamoglu, issu du Parti républicain du peuple (CHP), dénoncent une manœuvre politique visant à affaiblir l’opposition. Ils établissent un lien direct entre ces arrestations et le projet de « Canal Istanbul », une infrastructure maritime de 50 km destinée à doubler le Bosphore. Ce chantier, porté par le président Recep Tayyip Erdogan, suscite de vives critiques, tant pour son impact environnemental que pour ses implications économiques.

Depuis sa cellule, Imamoglu a fustigé ces arrestations, les qualifiant de « remplissage de dossiers vides de mensonges ». Il a également rappelé les préoccupations urgentes des Istanbulotes, notamment la menace sismique qui plane sur la ville après un récent tremblement de terre. Les autorités municipales, avant ces arrestations, avaient ordonné l’arrêt de plusieurs chantiers immobiliers le long du tracé prévu du canal, une décision qui aurait pu motiver cette opération judiciaire, selon des responsables du CHP.

Le projet, présenté comme une solution pour désengorger le trafic maritime, est accusé de servir avant tout des intérêts immobiliers. Des promoteurs proches du pouvoir auraient déjà vendu des appartements avec vue sur le futur canal, tandis que des experts alertent sur les risques sismiques accrus que son creusement pourrait provoquer. Des géologues ont notamment souligné la présence d’une faille active sous le tracé envisagé.

Face à ces critiques, le gouvernement turc a démenti toute instrumentalisation judiciaire, affirmant que les arrestations découlent d’une enquête indépendante sur des faits de corruption. Pourtant, l’opposition persiste à y voir une tentative de museler les voix dissonantes, alors qu’Imamoglu était pressenti pour devenir le candidat du CHP à la prochaine présidentielle.

Entre ambitions politiques, enjeux économiques et risques environnementaux, le dossier du canal d’Istanbul cristallise les tensions dans un contexte déjà marqué par une répression accrue contre l’opposition.

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